Lorsque le cinéma américain s'attaque aux conflits géopolitiques, il met rarement des gants blancs. Mission Kandahar ne fait pas exception, s'avérant être une série B qui s'ignore.
Inspiré d'une prémisse véridique, le film s'articule autour d'un agent secret de la CIA (Gerard Butler) qui tente de retourner sain et sauf chez lui. Traqué par une multitude d'individus en sol afghan, il devra prendre la fuite - et les armes - pour demeurer vivant.
La première partie du long métrage aurait pu être issue d'un livre de Tom Clancy. Après une entrée en matière fracassante, le récit cherche à être bien plus intelligent qu'il ne l'est réellement, multipliant les enjeux, les dialogues, les personnages et les pays. Ce qui paraît complexe ne l'est pourtant jamais, car le procédé relève de la poudre aux yeux.
Conscient que l'ensemble s'avère ronflant et superficiel, la production retourne son fusil d'épaule en embrassant l'action. Peine perdue. Le mal est déjà fait et ce n'est pas en devenant un simple ersatz de John Wick que la situation va s'arranger. Au contraire, les poursuites sentent le déjà-vu et une séquence nocturne dans le désert souffre d'être beaucoup trop longue et sombre.
Tout cela aurait pu être différent en changeant de perspective, en adoptant un autre point de vue. Le scénario de Mitchell LaFortune qui est basé sur sa propre expérience comme soldat manque non seulement de recul, mais il présente encore et toujours ces conflits violents selon le regard de l'envahisseur étranger. Pourtant les personnages intéressants ne manquent pas dans cette galère, autant du côté des gentils que des méchants. Entre le traducteur cherchant à venger son fils, le commandant qui doit suivre les ordres et l'assassin kamikaze, il y a des dilemmes moraux à la tonne qui sont laissés en jachère. Évidemment, mieux vaut être des hommes dans cette histoire, car les femmes sont limitées aux repas, au lit, à rouspéter et à se faire kidnapper...
La distribution qui comprend de belles gueules de cinéma - comme Navid Negahban, Ali Fazal, Bahador Foladi et Travis Fimmel - est entièrement au service de Gerard Butler, qui semble toujours jouer le même rôle. L'acteur sur une belle lancée depuis Copshop et Plane prend soin de ne pas trop en faire, ce qui est toujours une bonne chose.
Ce n'est pas le cas de la mise en scène de Ric Roman Waugh, un artisan compétent, mais totalement dénué de style, qui est capable du meilleur (Greenland, Shot Caller) comme du pire (Angel Has Fallen, Snitch). Il a la main lourde sur le plan de la musique et des ralentis, offrant une des finales les plus mièvres et appuyées des dernières années. Pourtant, c'est au niveau du suspense (déficient) et de l'humour (presque inexistant) qu'il aurait dû miser.
Avec un tel sujet, Mission Kandahar aurait pu être un thriller prenant (à la Rendition, par exemple) ou un divertissement haletant. Le film échoue malheureusement sur tous les plans, n'offrant rien de bien satisfaisant, se révélant être un simple objet de propagande routinier et vite oublié.