Mission: Impossible est devenu, grâce à ses effets spéciaux toujours spectaculaires et la prestance, le charisme de son héros, un classique du film d'action de l'ère moderne, au même titre que Die Hard ou Bourne. Tant de franchises s'essoufflent au troisième ou au quatrième film (on en a d'ailleurs eu un bon exemple la semaine dernière avec Alvin and the Chipmunks) qu'on ne peut en vouloir aux critiques et autres sceptiques de ce monde d'avoir douté de l'efficacité ou de la qualité d'un énième Mission: Impossible. Pourtant, il faut se rendre à l'évidence, Brad Bird réussit - sans doute guidé par J.J. Abrams - un coup de maître et nous prouve, qu'il nous en déplaise, qu'un film réalisé avec intelligence, doigté et un tant soit peu de distinction peut être brillant qu'il soit le dixième chapitre d'une longue série ou une idée originale d'un auteur en devenir. Eh oui, si les suites avaient toute la fraîcheur et la fringance de Mission: Impossible - Ghost Protocol, elles seraient beaucoup moins agaçantes et désespérantes.
Évidemment, ce ne sera pas dans ce nouveau film de Brad Bird que nous serons témoins de grands discours inspirants ni de performances scéniques vibrantes, mais le long métrage s'avère exactement ce qu'on attend de lui : une suite de cascades impressionnantes, des gadgets technologiques impensables, une histoire stimulante et de délicieuses répliques humoristiques.
La plupart des séquences d'action ont été tournées avec des caméras IMAX et prennent donc l'entièreté de l'immense écran (lorsque, bien sûr, on visionne le film dans une salle IMAX). Le caractère immersif est alors encore plus grand qu'avec la technologie 3D, qui assombrit généralement l'image et diminue notre champ de vision. La scène où Tom Cruise (qui fait d'ailleurs toutes ses cascades) escalade l'immeuble à Dubaï est à couper le souffle. Les plans de caméras, le paysage spectaculaire, la musique angoissante ajoutés à la tension dramatique, font de cette séquence l'une des plus compétentes et mémorables de l'oeuvre. Le saut de l'ange que doit effectuer le personnage de Jeremy Renner vers un ventilateur en marche jusque dans une salle des serveurs ultrasécurisée est également un moment marquant et habilement construit.
Lorsqu'on se déplace pour voir un Mission: Impossible on s'attend à voir de l'équipement d'espionnage révolutionnaire et des accessoires de filature hauts en couleur. Ghost Protocol respecte, encore ici, ses engagements tacites. Des verres de contact/appareil photo-GPS, des balayages rétiniens en quantité faramineuse, des écrans qui simulent des illusions optiques, des cottes de mailles qui déjouent la gravité et des gants conçus pour grimper sur les parois des édifices; le kit parfait de l'agent secret affilié aux missions impossibles. Avec autant d'efforts déployés pour construire un univers - aussi démesuré - crédible, on imagine que le scénario (qui n'est visiblement pas l'intérêt premier de ce genre de production) a dû être délaissé, mais, étrangement, le récit se révèle intéressant, intrigant et même, à certains endroits, intelligent. On aurait certes préféré que l'ancienne femme de Hunt ne prenne pas tant de place - occasionnant quelques pleurnichages inutiles - mais, somme toute, l'histoire est pertinente, voire enivrante, même si tout le monde sait que les bons vaincront à la fin.
Ce nouveau Mission: Impossible fait mentir tous ceux (je fais partie du lot, inutile de me pointer du doigt) qui prétendent qu'une franchise ne devrait pas s'étirer inutilement si elle n'a pas quelque chose de pertinent à raconter. Mission: Impossible - Ghost Protocol n'a rien de pertinent à raconter, mais il le fait bien, et, franchement, c'est suffisant.
Eh oui, si les suites avaient toute la fraîcheur et la fringance de Mission: Impossible - Ghost Protocol, elles seraient beaucoup moins agaçantes et désespérantes.
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