Sept épisodes et presque aucun signe d'essoufflement. C'est l'exploit de Mission: Impossible qui est de retour avec Dead Reckoning, le haletant premier épisode d'un diptyque.
Ethan Hunt (Tom Cruise) se mesure cette fois à l'intelligence artificielle. Cet ennemi au goût du jour, capable de s'infiltrer partout et de disparaître sans crier gare, devient l'incarnation même de la série : cette propension des hommes et des femmes à jouer de dualité en revêtant des masques, passant leur temps à se trahir avant de se transformer en spectre.
L'enjeu est comme toujours le sort de la planète, au détour d'une intrigue tarabiscotée et surchargée. Mais il est également et surtout question du destin tragique de notre héros qui sacrifie sa famille, ses amis et ses amoureuses pour remplir ses missions. Le sort s'acharne continuellement sur lui et le scénario plus sombre qu'accoutumé révèle au grand jour ses failles.
Il le fait sans rien sacrifier à l'action, spectaculaire au demeurant, surtout en format IMAX. Les morceaux d'anthologie sont nombreux, autant à l'aéroport que dans les dédales de Venise, et le plus mémorable est sans aucun doute cette folle poursuite automobile dans les rues de Rome. Quelques idées sentent parfois le réchauffé (le segment dans le désert aurait pu figurer dans Ghost Protocol), mais John Wick peut tout de même aller se rhabiller.
L'humour n'aura jamais été aussi présent et il ne provient plus seulement des répliques de Simon Pegg. Le désir est grand d'alterner entre le drame et la comédie, parfois même au sein d'une même scène. C'est le cas lors d'une séquence tardive où nos protagonistes doivent s'échapper de wagons de train qui tombent dans le vide. Le traitement physique et humoristique rappelle parfois les vieux chefs-d'oeuvre de Buster Keaton.
Le long métrage s'applique également à rendre hommage au délicieux premier film de la série sans tomber dans la nostalgie à deux sous. Un respect du passé qui est inséré intelligemment dans le présent. Cela donne un segment vertigineux dans un train, dont les moments explosifs et même le dispositif scénaristique sont identiques au classique de Brian De Palma. On assiste d'ailleurs au retour d'Henry Czerny, imparable en supérieur énigmatique.
Cette façon de former un tout avec les précédents épisodes est renforcée par la multiplication des personnages qui sont issus de nombreux volets différents. Il y en a trop et ce n'est pas plus grave, surtout avec des nouveaux du calibre de Pom Klementieff. Évidemment, un méchant digne de ce nom aurait sans doute apporté une autre dimension au récit. Sauf que Tom Cruise s'amuse toujours comme un petit fou à braver la mort avec toutes ses cascades incroyables. Il trouve même son pendant féminin en Hayley Atwell (l'agent Carter chez Marvel), une voleuse attachante qui finit par lui voler la vedette.
Christopher McQuarrie a pris du gallon derrière la caméra depuis Rogue Nation et il offre une mise en scène fluide, efficace et parfaitement calibrée. Malgré ses 163 minutes, l'ensemble se déroule à un rythme d'enfer et le spectateur ne peut qu'être happé par tout ce qui arrive. Dommage que le cinéaste se prenne parfois trop pour Christopher Nolan - ton souvent solennel, surexplication des situations, musique presque identique - car il ne possède pas le même talent. Un problème qui était déjà présent dans Fallout.
S'il est toujours difficile de se renouveler sur un septième film d'une même série, Mission: Impossible - Dead Reckoning y arrive haut la main en brassant ses propres codes, en bouleversant une formule éprouvée. Le résultat final, divertissant à souhait, ne manque pas d'ambition, et à l'image de Spider-Man: Across the Spider-Verse, il se termine dans le feu de l'action. Il faudra patienter jusqu'au prochain long métrage pour connaître la conclusion et l'attente risque d'être infernale.