Avec Miss Peregrine's Home for Peculiar Children, on se rapproche dangereusement de l'âge d'or de Tim Burton (Beetle Juice, Edward Scissorhands, Mars Attacks!, The Nightmare Before Christmas - dont il était seulement l'un des scénaristes, précisons-le). Le film ne possède pas le même aspect envoûtant et le style gothique que ses prédécesseurs, mais il renferme une fantaisie communicative qui nous fascine dès les premières minutes et nous retient à nos sièges jusqu'à la fin, délicieusement romantique.
Miss Peregrine's Home for Peculiar Children fait partie des oeuvres qu'il aurait été impossible de produire il y a dix ans de cela. La technologie n'était pas encore au point à la fin des années 2000 pour offrir un visuel aussi spectaculaire que celui que propose le nouveau film de Tim Burton. Il s'agit là d'ailleurs de l'une des principales qualités de l'oeuvre : ses effets spéciaux. Les transformations (des méchants en monstre ou de Miss Peregrine en oiseau) représentent certainement les prouesses graphiques les plus impressionnantes. Il y a dix ans, nous n'aurions pas montré ces métamorphoses, n'ayant pas les moyens de les rendre assez fluides pour qu'elles soient crédibles, alors qu'aujourd'hui, on nous les présente sans pudeur. Comme le nom du producteur des effets spéciaux est le premier à apparaître au générique de fin du film - avant même les acteurs - on s'imagine que la production est consciente et fière de ses exploits visuels.
Mais, il n'y a pas que les images qui sont extraordinaires dans l'adaptation de Miss Peregrine's Home for Peculiar Children, l'histoire est aussi fort bien rendue. Bien qu'il y ait certains accélérés au niveau narratif qui brusque un peu le spectateur (notamment en ce qui concerne la décision de Jake de quitter les enfants particuliers, puis de rester, puis de partir, puis de revenir, et cela en un temps record; un peu dur à suivre le petit Jake), l'ensemble du récit est intrigant et habilement construit.
Raconter cette histoire complexe (inspirée du roman de Ransom Riggs) au cinéma n'était pas une tâche facile, mais la scénariste Jane Goldman (Kick-Ass, Kingsman: The Secret Service) a fait un travail exceptionnel pour nous la rendre intelligible. Le public comprend l'histoire rapidement malgré ses nombreuses particularités et caractérisations (à la base le voyage dans le temps n'est jamais quelque chose de simple à contextualiser...).
Bien sûr, les plus jeunes auront du mal à saisir toutes les subtilités, mais, de toute façon, nous ne conseillons pas ce film à des enfants de moins de 12 ans. Les monstres - effrayants et plutôt réalistes - mangent les yeux des enfants et l'un des « particuliers » animent des pantins macabres qui s'entretuent et créent des souvenirs lugubres trop propices à de futurs cauchemars terrifiants (une scène où des squelettes affrontent des faucheurs marquera les jeunes esprits de façon particulièrement troublante).
Les acteurs, notamment Asa Butterfield, qui interprète le protagoniste, Eva Green, qui joue la gouvernante Miss Peregrine, ainsi que Ella Purnell, qui incarne une jeune particulière dont le pouvoir est de contrôler l'air, apportent une humanité et un charme dont cette histoire fantaisiste alambiquée avait bien besoin pour rester accessible.
Miss Peregrine's Home for Peculiar Children se rapproche de l'âge d'or de Burton sans l'atteindre complètement. Malgré un labyrinthe narratif parfois sinueux, le film s'avère un divertissement compétent à la mythologie riche et intrigante.