Des comédies douteuses comme Mike and Dave Neeed Weddings Dates, le cinéma américain (et québécois, français...) en produit des dizaines chaque année. Elles ne sont ni drôles ni catastrophiques (quoique...), simplement oubliables et interchangeables.
Se déroulant dans un fantasme paradisiaque d'Hawaï qui est à peine moins raciste que celui d'Aloha, ce délire s'intéresse à quatre jeunes adultes incontrôlables et irresponsables qui mettent en péril un mariage. C'est Wedding Crashers revisité avec un soupçon de Forgetting Sarah Marshall, sans l'hilarité générale du premier et le charme vulgaire du second.
Ce nouveau long métrage s'inscrit dans la lignée de l'encore plus médiocre Dirty Grandpa qui reprend même deux de ses vedettes. Le scénario d'Andrew Jr. Cohen et Brendan O'Brien (pourtant si bien fignolé sur les deux Neighbors) cherche tellement à être grivois et politiquement incorrect qu'il en est que plus prévisible et inoffensif. Ce n'est pas en multipliant les gros mots et les allusions sexuelles que cela devient soudainement désopilant. Pour quelques gags qui touchent de justesse la cible, il y en a dix fois plus qui échouent lamentablement.
Reprenant à sa guise la formule propre de Judd Apatow (l'importance de l'amitié et de la famille, les omniprésentes allusions au septième art, les leçons de vie qui arrivent comme un cheveu sur la soupe avec une petite musique douce, etc.), le film est incapable de tirer profit de situations qui auraient pu être mémorables et même cultes. Peut-être est-ce la faute de l'improvisation mal contrôlée ou du montage qui étire beaucoup trop longuement la sauce. Réalisateur de séries, Jake Szymanski offre une mise en scène télévisuelle, sans la moindre once de personnalité. Sans doute aurait-il dû demander conseil au producteur Jonathan Levine, dont le travail comme cinéaste sur le mésestimé The Night Before était tout simplement savoureux.
Le seul aspect qui évite la désolation totale est la relative chimie qui unit les quatre héros. Principalement chez les filles, ce qui permet à Aubrey Plaza de briller. On savait depuis Parks and Recreation - ou le brillant Safety Not Guaranteed pour le cinéphile qui ne regarde jamais la télévision - qu'elle avait un don inné pour la comédie et elle est complètement déchaînée. Ce qu'on aimerait la voir avec un matériel de qualité entre les mains! Plus effacée, Anna Kendrick offre quelques répliques cocasses avec sa désinvolture habituelle. Dommage que sa carrière qui avait si bien commencé (faut-il se rappeler qu'elle a été nommée aux Oscars pour Up in the Air) est en train de se désagréger à chaque participation à des projets sans envergure comme celui-ci. Surtout qu'il y en a eu beaucoup ces dernières années.
Son compagnon de Pitch Perfect, Adam DeVine, représente le maillon faible du carrosse, énervant royalement avec ses mimiques et ses crises hystériques. Beaucoup plus subtil est Zac Efron qui, à l'instar de Dwayne Johnson, baigne véritablement dans son élément lorsqu'on doit faire appel à ses talents humoristiques. Si seulement il pouvait garder son gilet sur le dos une fois dans sa vie...
Mike and Dave Need Wedding Dates rêve d'être mordant et irrévérencieux. La réalité est toute autre pour cette création débile et rarement digeste qui risque de donner des ulcères à l'estomac. Même ses interprètes compétents n'empêchent pas les spectateurs de bailler aux corneilles. Une deuxième déception presque consécutive pour les amateurs de mariages après My Big Fat Greek Wedding 2, qui peuvent néanmoins se consoler en jetant leur dévolu sur l'irrésistible Love & Friendship de Whit Stillman.