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Petites filles d'aujourd'hui.
Difficile de comprendre pourquoi ce film a tant fait polémique lors de sa sortie. Le mouvement féministe actuel #metoo et la kabbale totalement justifiée contre la pédophilie y sont certainement pour quelque chose mais « Mignonnes » n’a rien de choquant. En effet, ces petites filles de dix ans sont hyper sexualisées dans le film mais c’est justement pour dénoncer cette tendance qui s’insinue de plus en plus au fil des époques jusqu’à aujourd’hui. Il suffit de regarder autour de nous, la manière dont les adolescents se comportent comme des adultes, notamment chez les filles. Influence des réseaux sociaux, mimétisme, pseudo « avancée » sociétale, moralité mise de côté, … Les facteurs sont nombreux et la réalisatrice en montre la plupart mais le fait de filmer ce qu’elle dénonce a déplu ou interpellé, mais c’est un choix artistique assumé. En revanche, la réalisation aurait été masculine cela aurait pu encore plus fait jaser, mais ce n’est pas le cas, c’est donc une fausse problématique.
Maimona Doucouré prend donc le chemin de ne pas suggérer mais de montrer frontalement comment de petites filles innocentes adoptent des tenues si suggestives et des comportements qui ne sont pas de leur âge et les oppose à la religion, représentée par un carcan familial très traditionnel. Mais elle n’abuse pas non plus dans la sexualisation de ces jeunes actrices et ceux qui seront choqués sont ceux qui ne regardent pas autour d’eux car cela fait bien longtemps que les adolescents ne se comportent plus comme tel. On pense parfois à la version jeunesse de « Bande de filles » de Céline Sciamma ou celle, plus assagie, de « Divines ». En effet, « Mignonnes » se déroule également en cité dans un contexte social assez pauvre (ce qui ne veut pas dire que chez la jeunesse dorée ce n’est pas pareil, au contraire) et avec des adolescentes comme protagonistes. C’est le lot des pays développés en général. Ce long-métrage a donc un côté lanceur d’alerte et s’avère sociologiquement très engagé avec un propos fort mais il n’est pas exceptionnel sur la forme comme dans son scénario.
La réalisation dévoile certes quelques jolis moments en apesanteur, d’autres psychologiquement plus crus mais cela reste une chronique du passage de l’enfance à l’adolescence quelque peu anodine et tout juste mignonne. On saluera la composition de la jeune Fathia Youssouf, exceptionnelle, qui vient de recevoir un César du meilleur espoir mérité. Le film se suit sans ennui grâce au sentiment de véracité qu’il dégage et un montage énergique mais pourtant on n’est pas vraiment passionné. Comme on l’a dit le message est, par choix, quelque peu contradictoire et on est un peu mal à l’aise lors de certaines séquences où ces jeunes filles exercent des danses lascives. Il faut donc avoir le jugement intellectuel aiguisé pour ne pas s’en offusquer et ainsi comprendre que si c’est montrer frontalement ce n’est pas gratuit mais pour pointer du doigt. Et le final, un peu exsangue, expédié et contradictoire n’est pas le meilleur atout de ce « Mignonnes » au demeurant sympathique mais pas extraordinaire.
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