Le film Midway, remake du long métrage éponyme de Jack Smight paru en 1976, dépeint la bataille du même nom entre la flotte américaine et la marine impériale japonaise dans l'océan Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale. Historiquement, l'attaque prend place immédiatement après la débâcle de Pearl Harbor, évènement qui nous a donné un film marquant du cinéma américain en 2001. Impossible de ne pas faire de liens entre les deux productions puisque la bataille de Pearl Harbor est le déclencheur des évènements dépeints dans Midway, et, malheureusement, Midway est encore moins efficace qu'avait pu l'être son prédécesseur, piloté par Michael Bay 18 ans plus tôt.
Midway ne se contente pas de raconter l'histoire de quatre ou cinq valeureux soldats comme le fait généralement les films de guerre, il choisit de brosser le portrait de plus d'une douzaine d'aviateurs, mécaniciens, lieutenants, amiraux et officiers de l'armée américaine (seulement quelques-uns sont inspirés de personnes réelles). Et c'est sans compter la famille de certains d'entre eux, qu'on nous présente brièvement, ainsi que quelques chefs issus du camp ennemi. Pour le cinéphile, il est difficile de se retrouver dans cet amoncèlement de personnages de plus ou moins grande importance au sein du récit. On ne crée pas d'attachement particulier puisqu'ils n'ont pas suffisamment de temps d'écran pour nous émouvoir. Même le destin de Dick Best, le « cowboy » des airs, joué par Ed Skrein, nous indiffère.
Roland Emmerich, réalisateur des classiques Independence Day et The Patriot, en beurre épais sur les effets spéciaux. On a souvent l'impression de se retrouver au coeur d'un jeu vidéo. Visiblement, le cinéaste a choisi de miser sur les prouesses visuelles plutôt que sur l'histoire. On nous communique l'information expéditivement entre deux détonations. De plus, Emmerich n'apporte rien de nouveau à ce que nous sommes habitués de voir dans les longs métrages de guerre conventionnels. Midway est un film que l'on a vu des centaines de fois avec plus ou moins d'explosions et de contenu. Reste quand même que le spectacle n'est pas ennuyeux. Emmerich sait ce qu'il fait et arrive à nous divertir suffisamment pour qu'on en oublie momentanément le manque de substance. Ce qui, en soi, est quand même une belle victoire.
Sans surprise, Midaway fait preuve d'un chauvinisme habité. Par contre, il s'efforce de montrer un peu l'autre côté de la médaille, ce que bien d'autres films avant lui n'ont pas eu le respect de faire. On apprécie voir le patriotisme des « ennemis » aussi. Cette allusion aux deux dirigeants de l'armée japonaise qui ont choisi de rester sur leur porte-avion en train de couler est particulièrement touchante. Les vrais amateurs de films de guerre ne seront pas déçus par cette proposition assez typique (certains diront clichée) d'Emmerich. Reste qu'ils auront peut-être envie de se retaper Saving Private Ryan et Dunkirk quand ils reviendront à la maison...
À noter que le long métrage a été tourné en grande partie à Montréal.