Comme je ne suis pas une grande fan de Metallica, je n'ai peut-être pas eu la chance d'apprécier le film comme des gens pour qui James Hetfield, Lars Ulrich, Kirk Hammet et Robert Trujillo sont des idoles d'enfance. Par contre, il n'est pas nécessaire d'être un adepte de la première heure pour apprécier Metallica: Through the Never. Il faut évidemment aimer la musique rock et être surtout conscient que le groupe de musique américain ne fait pas dans la dentelle - parce que si on ne le sait pas, peut-être que les immolations, les perdus et les projections de gens enterrés vivants peuvent déranger -, mais un public averti saura tirer profit de cette expérience. « Expérience » parce que le long métrage s'aventure au-delà de l'oeuvre de fiction et au-delà du simple spectacle musical sur scène, il transporte le spectateur dans un monde apocalyptique qui aurait comme assise un concert de Metallica.
L'ajout le plus intéressant à ce que U2 3D a proposé, par exemple, aux cinéphiles en 2008, c'est la fiction. Entre les différentes chansons, la production met en scène un jeune machiniste qui est forcé d'aller porter un bidon d'essence à un camion en panne dans le centre-ville. Il comprend bientôt que le monde à l'extérieur du stade dans lequel performe Metallica est en train de s'effondrer. C'est l'Apocalypse. Évidemment, la fin de l'humanité est une thématique qui colle bien aux chansons du groupe heavy metal. Les rencontres du jeune homme ont souvent des liens avec les paroles des chansons et deviennent un complément intéressant à la performance scénique. Les transitions entre la fiction et le spectacle sont intéressantes, surtout que même l'intérieur du stade finit par céder aux foudres de l'apocalypse.
Dane DeHaan, qui incarne le jeune amateur de musique heavy metal, est très efficace dans son rôle muet. Évidemment, ce n'est pas avec ce film que l'acteur peut envisager remporter un Oscar, mais sa performance est juste et convaincante, vu les circonstances surnaturelles et macabres dans lesquelles il doit jouer. Les membres du groupe, principalement le chanteur James Hetfield, font aussi bonne figure lors des quelques moments où ils doivent jouer la comédie. On ne leur remettra pas de statuettes dorées à eux non plus, mais on doit quand même applaudir l'effort.
Les effets spéciaux sur scène sont également fabuleux. Une immense chaise électrique descend du plafond, d'énormes manches de guitare s'extirpent des côtés et une imposante statue de la déesse grecque de la justice Thémis, les yeux bandés, est montée au milieu de la scène par une équipe technique faisant partie du décor. On fait croire à plusieurs moments au public que le groupe éprouve des problèmes techniques (avec le micro, les lumières, les accessoires) pour ajouter à l'aspect inquiétant de l'ensemble, pour préparer le public à cette apocalypse qui les guette.
Metallica: Through the Never est un film hors-normes qui concorde parfaitement avec la culture heavy metal. Un film qui plaira à tous ceux qui se disent tout bonnement « il me semble que je feel pour un p'tit tour en enfer moi aujourd'hui ».