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Entre le ringard risible et l'utile plaisant.
Beaucoup se souviennent de cette histoire vraie adaptée en film qui voyait des femmes noires avoir droit à une certaine reconnaissance grâce à leurs incroyables compétences au sein de la NASA des années 70, une période où la ségrégation raciale avait pourtant encore cours. On y voyait Octavia Spencer, Taraji P. Henson et Janelle Monae défier l’ordre établi et la haine raciale avec leurs capacités intellectuelles hors normes entourées de Kevin Costner, Kristen Dunst et de la star en devenir Glen Powell. Et bien ce « Messagères de guerre » y fait beaucoup penser sur le fond et un peu sur la forme sauf qu’on change de cadre spatio-temporel. Exit la conquête spatiale et les seventies pour plonger dans les affres – maintes fois traitées et exploitées – de la Seconde Guerre Mondiale et de l’armée américaine. Cette grosse production Netflix de fin d’année nous propose un devoir de mémoire en évoquant l’histoire du seul bataillon de femmes de couleur envoyé en Europe lors de la guerre pour... acheminer le courrier. Histoire intéressante mais cependant moins réussie, bouleversante et passionnante que « Les Figures de l’ombre » cité plus haut.
Si cette histoire pourrait sembler de prime abord anecdotique, il n’en est rien puisqu’elle cristallise à la fois pour l’époque une certaine misogynie en même temps que le racisme ordinaire. Une peine double à laquelle ces femmes ont dû faire face à l’époque. C’est d’ailleurs un fervent défenseur de la cause afro-américaine dans le divertissement, Tyler Perry, qui est aux manettes. Un cinéaste connu pour ses succès au box-office avec le personnage de Madea et sa dizaine de films dérivés qui n’ont cependant jamais franchi les portes du succès hors des États-Unis. Un honnête faiseur qui prend ce travail de mémoire à cœur en nous gratifiant d’une copie appliquée et sans accrocs, presque scolaire, mais qui manque cruellement d’une vision d’auteur digne de ce nom et de véritable profondeur. « Messagères de guerre » est en effet terriblement académique dans sa mise en scène et la tonalité employée demeure coincée entre l’hommage sincère et la patriotisme/féminisme pachydermique. Les images sont certes soignées mais sans génie et le tout sent un peu la naphtaline, comme si le film était sorti des années 90 ou 2000. On peut même dire que certaines situations, dialogues ou même personnages (le méchant général raciste) sont tellement clichés qu’ils en seraient presque risibles ou ridicules.
Cependant, on passe tout de même un bon moment et le film se regarde avec plaisir à défaut de passion. C’est intéressant tout autant qu’instructif et ces femmes oubliées méritaient indubitablement un hommage, « Messagères de guerre » le leur rend donc bien, même si un peu tard. Et Kerry Washington est pour beaucoup dans la réussite relative de ce long-métrage grâce a` sa composition nuancée et investie au possible. Il y a certes pas mal de séquences qui semblent inventées pour servir une cause et le message du film mais ça passe plutôt bien. Les séquences finales sont même très émouvantes procurant un sentiment de gravité et de solennité non feint. Alors même si tout cela adopte une forme très classique et qu’on n’est pas devant le film de guerre immanquable, la mayonnaise prend. Le souffle épique qui traverse le long-métrage et la reconstitution opulente de l’ensemble font le travail pour un honnête divertissement à l’ancienne qui accomplit son devoir de mémoire avec simplicité et respect à défaut d’être réellement passionnant et renversant.
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