Que le Québec ose s'aventurer dans le genre fantastique avec un film aussi grand public que ce qu'on aime appeler « la comédie de l'été » nous emballait. Avec le spécialiste des comédies, Émile Gaudreault, aux commandes nous avions bon espoir que ce projet obtiendrait le même succès que De père en flic 2 dont les recettes globales approchaient les 7 millons $ en 2017. La bande-annonce était aussi de bon augure, tout comme la distribution cinq étoiles, qui mettait Louis-José Houde et Antoine Bertrand, deux artistes chouchous du public, en têtes d'affiche.
Malheureusement, la réalité n'est peut-être pas aussi éblouissante que celle à laquelle on fantasmait. D'abord, il faut dire que l'histoire, élaborée par Gaudreault et Éric K. Boulianne, en est une très intéressante. Il y a peut-être quelques détails plus agaçants, comme ces moines tibétains omnipotents, mais, dans l'ensemble, les scénaristes ont bâti un récit drôle, intrigant et qui amène, par delà les gags, à une certaine forme de réflexion. On le répète, le fait qu'on ait osé se mouiller et tenter un genre encore inédit au Québec mérite certains éloges.
Dans le rôle du mythomane, Louis-José Houde perce l'écran. On retrouve ici l'humoriste beaucoup plus à l'aise dans son jeu et, donc, d'autant plus crédible qu'à ses débuts au cinéma. Sans surprise, ce sont dans les scènes plus comiques qu'il excelle. Dans les séquences de romance, on le voit un peu moins à l'aise. C'est probablement pourquoi on trouve que la chimie n'opère pas complètement entre son intérêt amoureux, joué par Catherine Chabot, et lui. Il démontre une plus grande complicité avec son partenaire masculin, Antoine Bertrand, qui fait bonne figure dans le rôle du jumeau excédé par les mensonges de son frère.
Il faut quand même mentionner que Catherine Chabot tire habilement son épingle du jeu. On apprécie grandement que ce soit une comédienne moins connue du grand public qui détienne le premier rôle féminin. Parmi les personnages secondaires marquants, on note les excellents Luc Senay et Véronique LeFlaguais, qui interprètent des parents délirants, ainsi que Geneviève Schmidt, qui joue une patronne incontrôlable.
Malgré l'originalité et l'audace de la proposition, on aurait quand même aimé qu'elle aille un peu plus loin. Les rires sont moins nombreux qu'on l'avait espéré. Certaines séquences sont cocasses, d'autres étonnantes, mais très peu sont désopilantes. On sourit, mais on ne se tape pas sur les cuisses.
Qui dit « fantastique » dit aussi « effets spéciaux ». Le problème, c'est qu'au Québec, on fait des films avec de très petits budgets qui ne permettent pas qu'on investisse en postproduction. Malheureusement, ici, on peut ressentir à l'image que l'ambition a dépassé le budget. On pense notamment à ce rajeunissement à la Robert Downey Jr. dans Avengers de Luc Senay. Le personnage aurait dû rester dans l'ombre. Le visage maladroitement rajeuni de l'acteur nous fait décrocher momentanément du film.
Menteur n'est pas le film estival parfait que nous faisait miroiter l'habile bande-annonce, mais il représente tout de même un divertissement compétent qui peut joliment agrémenter une journée pluvieuse.
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