Plus gros, insignifiant et divertissant que son prédécesseur, Meg 2: The Trench n'en demeure pas moins une occasion manquée d'amener le film de requins à un autre niveau.
Sorti en 2018, The Meg surfait sur la mode de Sharknado en inversant sa recette gagnante : un budget gigantesque (plus de 100 millions de dollars) au service d'un nanar de luxe qui s'adressait à toute la famille. Un succès commercial pour un long métrage très imparfait qui a laissé, au final, bien peu de souvenirs.
Sa suite reprend la même formule sans pallier ses principaux défauts. Le gros carnage n'aura toujours pas lieu et les Mégalodons se contenteront de dévorer des êtres humains qui ne verseront pratiquement jamais de sang. Comme tout le monde le sait, il faut viser le plus grand dénominateur commun pour faire sauter le box-office.
Le mélange entre l'action, la comédie et les moments de tension est toutefois plus potable que sur la précédente mouture qui avait laissé plusieurs personnes sur leur faim. Cela débute dans la bonne humeur avec un préambule sur la loi du plus fort et une présentation de notre James Bond écolo (Jason Statham) qui s'attaque à des méchants pollueurs.
Une introduction vite plombée par des enjeux mécaniques aux considérations simplistes d'une institution océanique et aux desseins mercantiles d'extracteurs miniers illégaux. L'ombre de Jurassic Park n'est jamais bien loin.
Celle de Jaws apparaît également dans la dernière partie, la plus ridicule du lot. Les vacanciers de «l'île du bon temps» deviennent le buffet des animaux préhistoriques qui s'en donnent à coeur joie. Plus il y a de gens en liesse dans la salle de cinéma et plus ce sera facile d'adhérer à cette proposition disjonctée. Pourquoi le tout n'a pas été présenté à Fantasia?
Surtout que les acteurs semblent beaucoup s'amuser. Jason Statham dompte les vagues pour lancer des harpons explosifs aux bêtes sauvages, Cliff Curtis (Murina) amène un humour certain aux situations et Wu Jing (Wolf Warriors) pourrait facilement être le héros d'une nouvelle franchise.
Cela se gâche toutefois sur le plan technique. Malgré des moyens pharaoniques, le rendu esthétique laisse à désirer et les effets en trois dimensions s'avèrent mal utilisés. La représentation du Mégalodon fait également sourciller, ensevelie sous de la surenchère numérique sans âme ni charme. De quoi s'ennuyer d'un Shark Attack 3: Megalodon qui s'assumait totalement dans sa série B et même Z.
La présence surprise de Ben Wheatley derrière la caméra aurait dû faire toute la différence. Le réalisateur britannique, capable du meilleur (A Field in England, High-Rise) comme du pire (In the Earth, Rebecca), a surpris l'industrie avec son jubilatoire Free Fire et il ne semble malheureusement pas avoir les coudées franches pour estampiller son style unique et reconnaissable. Pourquoi faire appel à quelqu'un d'aussi talentueux si c'est pour vampiriser son essence créatrice?
Le plus grand problème de Meg 2: The Trench est de ne pas avoir les ambitions de ses moyens. En plus d'offrir une simple satire parodique qui multiplie les références élémentaires (à Deep Blue Sea et autres The Abyss), le récit ne tente jamais de renouveler sa formule éprouvée, en étant par exemple plus subversif ou en prenant des risques. Au lieu de marcher dans les pas de l'ultime référence du genre qu'est The Host de Bong Joon-ho, le résultat final, aussi délirant et absurde, finit par nager dans les mêmes eaux troubles que Mega Shark Versus Giant Octopus, la fraîcheur désopilante en moins. Peut-être que tout sera différent dans le troisième épisode...