Je parle de traduction depuis un bon moment dans mes critiques. Certaines sont déplorables, d'autres acceptables, alors qu'une quantité, plus mineure, sont simplement inutiles. Horrible Bosses 2 est un bon exemple d'un film qu'on ne peut traduire. Évidemment, si on considère la traduction comme une trame sonore d'une autre langue placée sur les images de la version originale, celle d'Horribles Bosses 2 est professionnelle et compétente, mais si on décide de voir la traduction comme l'extension de l'atmosphère qui règne dans l'oeuvre initiale, l'expérience est ratée.
La principale force d'Horrible Bosses et de sa suite est la folie de ses personnages principaux. Leurs querelles perpétuelles sont le point central de leur humour, mais comme ces dernières engendrent des dialogues entrecoupés et des répliques ciselées, elles représentent un défi monumental au doublage. Malheureusement, la version française est donc ici bien moins efficace que l'originale. Nous avons droit, avec Méchants patrons 2, a un cafouillage duquel ne s'échappent que très peu de rires. Maintenant que vous savez qu'Horrible Bosses 2, plus que n'importe quelle autre production américaine, doit être vue en version originale, passons à la critique du film...
Horrible Bosses avait été l'une des plus grandes surprises de 2011. Personne n'avait d'attente envers cette petite comédie dans laquelle des fonctionnaires étaient exploités par leur patron respectif et s'étaient convaincus mutuellement que la seule solution était de les éliminer les uns après les autres. Ce sont ces trois acteurs formidables et leur chimie transparente qui a permis au film de charmer son public. Les trois comédiens principaux sont de retour, mais la folie qui les habitait semble s'être dissipée avec la révocation de la nouveauté. Comme nous savons maintenant de quoi ces trois idiots sont capables, leurs facéties ne sont plus aussi étonnantes. On pourrait croire que c'est toujours ce qui arrive dans une suite, mais comme Hangover était parvenu à déconcerter encore davantage son public avec son second volet, on était en droit de s'attendre à ce que Horrible Bosses fasse de même.
De plus, le personnage secondaire le plus efficace du premier film - celui de la dentiste Julia Harris, magnifiquement interprétée par une sulfureuse Jennifer Aniston - ne fait qu'une brève apparition dans le second opus. Il faut aussi avouer que les deux autres patrons du premier chapitre - incarnés par Kevin Spacey et Colin Farrell - apportaient quelque chose de déjanté que Chris Pine et Christoph Waltz n'engendrent pas. L'humour « entrepreneurial » du début, alors qu'on s'amuse à faire des jeux de mots avec le nom de la compagnie que les trois amis ont fondée (dans le but d'être leur propre patron), est assez efficace, mais on tombe trop rapidement dans le gaz hilarant, la brosse à dents dans les fesses et le crayon indélébile. Cette fâcheuse habitude des scénaristes de modifier l'intelligence de leurs héros au gré de leurs inspirations est aussi, ici, très dérangeante. Ils sont parfois des génies, parfois des idiots, et l'inconséquence que cela suscite entache l'entièreté de la production.
Il faut malheureusement se rendre à l'évidence Horrible Bosses n'aurait pas dû faire l'objet d'une suite, mais avec des recettes de 200 millions mondialement et un budget de 35 millions $, Warner aurait été sot de ne pas au moins essayer...