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Hollywood Slasher.
Voici le dernier volet de la trilogie, aux velléités d’hommage aux slashers de différentes époques, entamée par Ty West avec « X » et continuée avec « Pearl ». La chronologie n’a pas été respectée, par volonté ou à cause d’une logique de production. En effet, « Pearl » se déroule dans les années 20 et est sorti en second, « X » prenait place au début des années 70 et avait pris l’affiche en premier tandis que celui-ci est placé au milieu des années 80 et sort donc en troisième. La raison semble aussi narrative puisque « MaXXXine » suit le seul personnage rescapé de « X » joué par Mia Goth. L’actrice (et accessoirement compagne du réalisateur) y jouait également de manière évidemment très grimée la septuagénaire psychopathe. Ledit personnage que l’on retrouve dans sa vingtaine dans « Pearl » ... encore une fois incarnée par l’actrice. La boucle est donc bouclée et on est presque content de voir que cet ensemble gagne en qualité de film en film, en tout cas si on prend en compte leur date de sortie dans le temps. « X », sorte de « Massacre à la tronçonneuse » chez les ploucs se voyait nanti d’une mise en route bien trop longue et molle pour véritablement marquer. De plus, on avait déjà vu bien plus fou et palpitant dans le genre même si le dernier tiers rattrapait un peu le niveau. « Pearl » se voyait plus comme un exercice de style à la fois bucolique et horrifique qui vibrait de la patine du cinéma muet d’antan ou brillait l’actrice. Mais, de la même manière, longueurs et manque de tension venaient parasiter le résultat traversé par des fulgurances de mise en scène et d’écriture. « MaXXXine » est bien plus captivant et gomme les carences de ses deux frères de bobine.
Les années 80 sont une décennie prompte à tous les fantasmes et la nostalgie qui va avec. Et West le sait et nous le rend bien. L’esthétique du film est belle à se damner. De la patine rétro de l’époque, avec ce grain de l’image ressemblant au séries B de cette décennie, en passant par les décors mythiques du Hollywood de cette époque, ici beaux à se damner, et aux costumes et maquillages tout est parfaitement rendu. La métaphore laissant entendre que ces collines avalent et recrachent tous ces comédiens venus tenter leur chance est similaire à celle de la mine et des mineurs du « Germinal » de Zola. Hollywood est ici encore une bête à dompter. Tout cela est bien rendu et on parle également de sujets très contemporains comme le féminisme, la masculinité toxique et le septième art en tant qu’industrie assassine. L’intrigue est plutôt bien ficelée avec ce tueur qui rode tandis que notre héroïne doit faire face à son passé (les conséquences de ses actes dans « X ») et une menace invisible. On pourra regretter une résolution de l’intrigue un peu faible et décevante et quelques seconds rôles sous-employés, comme le duo de flics composé de Bobby Canavale et Michelle Monaghan, mais rien de grave.
Cette aventure de cinéma peu commune, composée de ces trois films, à la fois différents et complémentaires mais aussi de qualité très variable, est à saluer et montre un auteur respectueux des canons du genre et fan de cinéma. Il manque aussi peut-être un peu de sang et de meurtres pour un tel film ici mais la beauté de l’image, le sens du rythme et la nostalgie de cette époque parfaitement retranscrite font le travail. Assurément le plus accessible des trois mais aussi le plus maitrisé et intéressant. Et Mia Goth montre toute l’étendue de son talent de manière différente dans les trois films avec beaucoup de brio.
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