Le cinéma de Xavier Dolan n'aura jamais été aussi accessible. Bien sûr, nous restons dans le film d'auteur, mais il y a quelque chose de simple et de lumineux dans cette nouvelle production qui nous laisse croire qu'elle saura rejoindre un auditoire plus large que Juste la fin du monde ou Laurence Anyways, par exemple.
Le réalisateur a voulu faire un film sur l'amitié avant tout et cette volonté transparaît dans chacun des plans. La chimie évidente qui règne entre les personnages principaux est peut-être due à la réelle affinité des acteurs dans la vraie vie, mais, chose certaine, elle irradie jusque dans le coeur des spectateurs. Xavier Dolan nous propose une oeuvre d'une douce et grande humanité. Les cinéphiles de cette génération se reconnaîtront rapidement dans les questionnements et les incertitudes des protagonistes, ainsi que dans la manière qu'ils interagissent entre eux. Ils se crient souvent par la tête, ne s'écoutent pas nécessairement, mais s'aiment profondément.
L'écriture particulière, très authentique, de Xavier Dolan nous laisse croire que les comédiens ont eu souvent recours à l'improvisation sur le plateau, mais tout était savamment écrit. Sachant cela, on est d'autant plus admiratif des courbettes du scénario de Dolan, de sa perspicacité, son audace et sa précision. Les mots coulent allègrement dans la bouche des acteurs, bien choisis par le réalisateur parmi ses meilleurs amis. Les moments de communauté, les scènes où l'on retrouve l'ensemble de la distribution, autour d'un tournoi bouillant de boulette ou du comptoir de la cuisine, sont fabuleux. Il y a quelque chose de candide et d'électrique entre eux qui nous empêchent de détourner le regard.
Gabriel D'Almeida Freitas qui incarne l'un des deux protagonistes masculins avec Xavier Dolan est très touchant. On a l'impression de comprendre le combat intérieur qu'il vit alors qu'il éprouve des sentiments mitigés après avoir embrassé son ami d'enfance pour les besoins d'un court métrage amateur. Les deux scènes d'intimité entre les deux hommes sont visuellement et émotionnellement magnifiques et poignantes.
Parmi les rôles secondaires, on note le travail exceptionnel d'un Pier-Luc Funk hilarant et solide sous les traits d'un premier de classe et on craque pour Camille Felton qui interprète la petite soeur du personnage de Funk, une fière représentante des Millennials qui parle anglais avec de l'attitude et qui a le nez collé dans son téléphone. Dolan passe un message à travers cette caricature et on aime autant son discours que sa manière de le livrer.
La musique prend une fois de plus une place importante dans le cinéma de Dolan. On y retrouve ici du Arcade Fire, du Florence + The Machine, du Britney Spears, du Pet Shop Boys et une trame sonore musicale créée par Jean-Michel Blais; bref un portrait musical cohérent de la génération dépeinte dans le film. Bien que celui-ci s'étire un peu en fin de parcours, Matthias et Maxime représente une oeuvre cohérente, sensible et décomplexée qu'il faut voir.