Après avoir ravivé OSS 117, le cinéaste et scénariste français Nicolas Bedos revient à la charge avec Mascarade, un suspense d'une vanité sans nom qui serait, selon ses dires, autobiographique.
Cela est plutôt difficile à croire tant l'histoire s'avère tirée par les cheveux. Se déroulant sur la fastueuse Côte d'Azur, le récit met en scène deux escrocs (Pierre Niney et Marine Vacth) qui séduisent leur entourage afin de s'en mettre plein les poches. Le premier s'amourache d'une ancienne gloire de cinéma (Isabelle Adjani), tandis que la seconde ensorcelle un influent propriétaire immobilier (François Cluzet). Tout se dérègle lorsque les sentiments amoureux se montrent le bout de leur nez.
Le long métrage ressemble aux nombreux films noirs qui ont parsemé le septième art des années 1940, 1950 et 1960. On pense notamment à ceux d'Alfred Hitchcock qui mélangeaient habilement manipulations, trahisons, coups de théâtre et quiproquos amoureux. Le tout en recevant un traitement moderne, une décharge électrique qui n'est pas très éloignée du trip de drogue. Désirant ne pas ennuyer son spectateur, le réalisateur appuie sur l'accélérateur, rendant les 134 minutes particulièrement exubérantes et essoufflantes.
Pire encore, le créateur des populaires Monsieur et Madame Adelman et La belle époque se vautre dans un cynisme absolu qui n'est pas sans rappeler Triangle of Sadness, scène de vomi sur un bateau en prime. Sa lutte des classes - sur le plan social, sexuel et de l'âge - n'épargne rien ni personne et elle ne convainc jamais réellement tant les clichés sont rois. Sa vision est si ironique qu'elle en devient désincarnée, les êtres humains se transformant en marionnettes sans âme qui s'articulent dans le vide.
Impossible de considérer sérieusement l'évolution psychologique du personnage incarné par Pierre Niney (pas toujours à l'aise) tant elle s'inspire de celle du héros des Liaisons dangereuses, la nuance en moins. C'est également le cas de la vamp Marine Vacth (vue dans L'amant double de François Ozon) qui se vautre dans le premier degré. On aurait pris davantage des désarrois d'Isabelle Adjani et de François Cluzet, bien que les deux acteurs en roue libre finissent par taper sur les nerfs. Le reste de la très belle distribution qui comprend également la radieuse Emmanuelle Devos et l'hilarant Charles Berling s'avère sous-utilisé.
La vacuité du propos et l'interprétation souvent hystérique sont en phases avec la vie rêvée et fantasmée sur la Côte d'Azur, où l'argent a pris le dessus sur la morale et l'humanité. Une dose de clinquant que rend habilement la mise en scène de Bedos, luxueuse jusqu'à en devenir kitsch et clinquante, débordante d'intrigues touffues et d'ellipses pas toujours appropriées. Encore là, il faut en offrir plus que ce que le client demande, rendant l'exercice vain et stérile.
Si au moins Mascarade était drôle, sexy, haletant ou divertissant. L'ensemble est si chargé qu'il en devient rapidement lourd et, ultimement, épuisant. Tout le contraire de L'origine du mal de Sébastien Marnier, autre thriller ultra référentiel sur le règne des apparences qui amusait la galerie, et ce, sans effet secondaire.