Rédiger une critique
Vous devez être connecté pour pouvoir rédiger une critique.
Maria humaine
Pablo Larrain est toujours dans l'émotion et ce film est très émouvant. Angélina Jolie est fabuleuse dans ce rôle. La réalisation permet tout de même une certaine distance sur l'émotion, ce qui est très habile et nous fait entrer dans toutes les dimensions du personnage, dans toutes les fantasmagories d'un esprit hors de ce monde, celui de la grande musique. Il évite ainsi les écueils de la banalité d'un simple drame musical. Et les dialogues sont ciselés comme les appogiatures d'une soprano lyrique. Inutile de vous dire que j'adore purement et simplement !
Magnifique et bouleversant
Une réalisation remarquable et une interprétation digne d`un oscar pour Angélina Jolie. Belle photographie et trame musicale inoubliable. Un film que j`ai apprécié du début à la fin. A voir.
Fantômes et médocs.
Vu à Montréal.
Le chilien Pablo Larrain est en train de se construire une filmographie d’une étonnante pertinence et homogénéité, devenue presque entièrement dévolue aux personnages féminins, connus ou non et que ce soit en tant que réalisateur ou producteur. Il a, par exemple, produit le film argentin « Gloria » et son remake avec Julianne Moore, tous deux de Sebastian Lelio, récipiendaire de l’Oscar du meilleur film étranger pour « Une femme fantastique » (qu’il a aussi produit). En effet, si ce n’est ses débuts avec des œuvres comme « No » ou l’étouffant et implacable « El Club » et ses prêtres pédophiles, la majeure partie de ses longs-métrages sont désormais centrés sur un personnage féminin. Et, avec « Maria », il clôt une trilogie sur des femmes célèbres dont il tire le portrait avec des biopics peu conventionnels, du clivant et peu avenant « Jackie » qui nous avait profondément ennuyé et laissé sur le bas-côté au fantomatique et envoutant « Spencer » qui, lui, nous avait conquis. Un beau trio de femmes illustres donc : Jackie Kennedy (puis Onassis après son remariage, on le précise puisque dans ce « Maria » il y a un pont tiré entre la femme de Kennedy et la cantatrice), la Princesse Diana ou Lady Di et Maria Callas pour celui-ci.
Déjà, très bonne nouvelle au final peu surprenante : Larrain ne nous convie pas à un biopic traditionnel et académique comme il en pleut sur les écrans chaque année. Et même si on voit Maria Callas âgée se remémorer des bribes de son passé comme dans moultes films du genre (par exemple « Lee Miller » récemment), le procédé n’est pas du tout employé de la même façon ici. Le cinéaste, et son scénariste Steven Knight, utilisent la prise de médicaments de la cantatrice à la fin de sa vie lorsqu’elle vivait à Paris pour brouiller les pistes entre rêve, fantasme et réalité. Et la frontière est constamment poreuse entre les trois. Plutôt que de narrer sa vie en détail et son œuvre, « Maria » prend des chemins de traverses parfois étranges et peu convaincants mais le plus souvent passionnants. Plutôt que de véritables flashbacks, on a droit à des fragments, des moments de vie, flamboyants et précis.
On pense d’ailleurs un peu à un autre biopic peu conventionnel, celui de Marilyn Monroe par Andrew Dominik (« Blonde »), conspué par beaucoup mais ô combien rare, précieux et audacieux (et probablement et malheureusement proche d’une certaine réalité). On croise d’ailleurs la blonde plantureuse au détour d’une scène ici (comme si Larrain indiquait qu’il aurait bien aimé aussi s’occuper d’un film sur cet icône), tout comme on parle donc également de Jackie Onassis sur qui portait son premier biopic singulier mais sans la voir. Entre noir et blanc et couleur (très à propos), passé et présent, rêveries et réel, le film nous happe dans le tourbillon psychologique de son personnage tourmenté et nostalgique. Les errances parisiennes de la diva sont magnifiquement filmées, fondues dans un jaune automnal du meilleur effet. Les images sont sublimes, de papier glacé presque. Entre chaleur réconfortante au visuel et froideur clinique au ressenti.
Et comme le laissaient penser les rumeurs provenant de la Mostra de Venise où il a été présenté, « Maria » confirme le retour fracassant d’Angelina Jolie devant la caméra. Personne n’aurait pensé à elle pour ce rôle et Larrain se fiche de l’absence de ressemblance physique entre l’actrice et la chanteuse d’opéra. Et, en effet, peu importe tant cette interprétation de la vie de celle-ci est hors des conventions et s’absous de toute objectivité. Et bien lui en a pris, tant Jolie rappelle à quel point c’est une excellente comédienne. Ici, elle est bouleversante, impériale même. On frôle l’exercice de style mais « Maria » nous cueille malgré quelques longueurs ou, plutôt, passages moins pertinents. Les seconds rôles incarnés par Pierfrancesco Favino et Alba Rohrwacher apportent un peu de chaleur, de tendresse et de légèreté bienvenue au film. Un film qui se révèle étonnant, souvent envoutant, mais cohérent avec les autres portraits de femmes célèbres du cinéaste.