************ Le film Mank sera disponible sur la plateforme Netflix dès le vendredi 4 décembre. ***********
David Fincher est l'un des plus grands réalisateurs américains contemporains. Il a été nommé deux fois aux Oscars, d'abord pour The Curious Case of Benjamin Button, puis pour The Social Network. Cette fois, il sort des boules à mites un vieux projet qui avait été balayé du revers de la main par les studios hollywoodiens dix ans plus tôt pour son inaccessibilité auprès du grand public. Le scénario a été rédigé par son père, Jack Fincher, décédé en 2003. Ce retour en arrière nous donne un film un peu chaotique, mais fascinant, qui nous fait découvrir à la fois la naissance d'un chef d'oeuvre et les coulisses du cinéma des années 30 dans une Amérique en pleine Dépression.
Mank dépeint l'histoire de Herman J. Mankiewicz, un critique et journaliste recyclé en scénariste qui se fait confier par Orson Welles, un jeune réalisateur prodige de 25 ans, la lourde tâche d'écrire son prochain film en 60 jours. Son nom n'aurait jamais dû se retrouver au générique du long métrage selon les termes précédemment établis entre les deux hommes, mais Mank, persuadé qu'il s'agissait de son meilleur scénario jusqu'à maintenant, a insisté pour que son travail soit reconnu.
Les grands studios avaient raison sur un point : Mank n'est pas un film accessible. En plus d'être en noir en blanc, un choix qui rebute bien des gens, il faut avoir certaines connaissances de base pour l'apprécier à sa juste valeur. Il est notamment préférable d'avoir déjà vu le classique de Welles, Citizen Kane (et peut-être même plus d'une fois), et d'être au fait du contexte économique, social et politique des États-Unis des années 30. Si, en plus, on possède certaines notions sur la situation du septième art de cette époque, cela ne peut pas nuire. Mank est une oeuvre alambiquée qui se consomme avec rigueur et sérieux. Elle se jette dans toutes les directions, on doit donc rester attentif pour ne pas perdre le fil.
Quand on sait à quoi on a affaire - un film dense et pointu - on peut davantage apprécier le travail de Fincher, qui a recréé à merveille l'ambiance de Citizen Kane et celui du cinéma de la Grande Dépression. Ses images sont magnifiques et ses plans, comme toujours, parfaitement construits. Les dialogues sont aussi brillamment écrits et nous transportent avec grâce dans cette époque charnière du cinéma. Gary Oldman est épatant dans le rôle principal. On ne serait pas étonné de le retrouver en lice pour un Oscar l'an prochain. Amanda Seyfried, qui incarne l'actrice Marion Davies, est hypnotisante. Quand elle se retrouve à l'écran, on ne voit qu'elle.
Le plus récent film de David Fincher n'est pas pour tout le monde. Ambitieux, profond et très stylé, Mank suscite davantage notre intellect que nos émotions. Il s'agit d'un film magnifique et pertinent, mais aussi touffu et laborieux.