Il faut l'avouer, même si les producteurs de Mandela : Long Walk to Freedom furent sans doute attristés par la mort du politicien sud-africain, ils ont quand même dû remercier le destin qui a fait mourir le révolutionnaire quelques jours à peine avant la sortie de leur film. Quelle belle façon que de se remémorer les actions de ce grand homme que par les souvenirs de ses combats, de ses valeurs et de ses alliés les plus significatifs grâce une oeuvre cinématographique inspirée de sa vie d'activiste; c'est ce qu'ils tenteront de nous faire croire. La mort de Nelson Mandela arrive à point pour mousser la campagne publicitaire de Mandela : Long Walk to Freedom. C'est peut-être irrespectueux de soulever une telle chose, mais ce n'est pas faux pour autant.
Le décès du héros aura peut-être aussi des répercussions sur les critiques du film, qui seront possiblement plus charitables qu'elles ne l'auraient été en d'autres circonstances.
Mandela : Long Walk to Freedom dépeint l'existence mouvementée d'un personnage important de l'histoire moderne. Le problème avec ce genre de biographie (surtout lorsque le principal intéressé est toujours vivant; c'était le cas pour Mandela lors du tournage du film), c'est qu'on a tendance à glorifier le protagoniste, à ne montrer que ses qualités, à ignorer complètement ses défauts, qui forment pourtant sa personnalité. Mandela : Long Walk to Freedom ne fait pas cette erreur. Bien sûr, on passe 90% du temps à magnifier le personnage, mais on montre tout de même son côté plus sombre; le fait qu'il battait sa première femme et qu'il prenait des décisions sans le consentement de ses pairs.
Idris Elba - d'ailleurs en nomination lors de la prochaine cérémonie des Golden Globes - livre une performance magistrale dans le rôle de Nelson Mandela. Il brosse un portrait juste de cet homme politique, incarcéré pendant 27 ans pour avoir défendu ses droits sur la place publique. Naomie Harris est également formidable sous les traits de Winnie, la seconde femme de Mandela. On saisit bien l'évolution du personnage et sa transformation drastique en une militante violente et froide.
Malgré quelques initiatives intéressantes de la part de Justin Chadwick, la réalisation s'avère assez typée et rigide; laissant toute la place à Elba pour briller. Le scénariste William Nicholson fait du bon travail (en s'inspirant de l'autobiographie de Mandela) pour répertorier les évènements importants de la vie du (super-)héros sud-africain, mais son histoire est tellement riche, tellement longue et étoffée que même à 139 minutes, nous avons encore l'impression d'être en présence d'une oeuvre inachevée. Il y a des moments sur lesquels on passe très rapidement, d'autres sur lesquels on s'attarde trop longtemps, mais il s'agissait d'un travail délicat qui a été réalisé honnêtement par un scénariste d'expérience (Nicholson nous a donné les textes de Gladiator, Elizabeth:The Golden Age et Les Misérables).
Pour découvrir l'histoire de cette icône, Mandela : Long Walk to Freedom est un choix intelligent et, même, nécessaire. Mais, pour ceux qui connaissent déjà les péripéties de la vie du personnage en long et en large, le film de Justin Chadwick n'apportera rien de nouveau; tant d'un point de vue artistique que pédagogique. Mandela : Long Walk to Freedom est un bon film, on ne peut pas le nier, mais l'aspect inspirant que l'on recherche dans une oeuvre comme celle-là est déficient. On semble s'être tellement acharné à livrer une biographie complète, qu'on en a oublié son but.