Maman Last Call est un film adorable sur l'engagement qu'il faut savourer. L'adaptation du livre de Nathalie Petrowski partage sa bonne humeur et sert, avec intelligence, une dose pertinente d'humour en évitant avec sagesse de s'éterniser.
Tous les éléments semblent s'être accordés, dans cette toute-récente production québécoise, pour offrir au public un divertissement qu'il aimera. Même si on se rend compte assez vite de cette démarche – après tout, n'a-t-on pas engagé Sophie Lorain et Patrick Huard, deux des acteurs préférés des québécois? - on ne peut qu'être entièrement satisfait par le résultat.
Le livre semi-autobiographique de Nathalie Petrowski, publié en 1995, et qui est à l'origine du film, semblait dès le départ parfait pour le cinéma. Alice Malenfant est journaliste, a 37 ans et n'a pas d'enfants. Dans ses chroniques quotidiennes, elle milite pour le droit des femmes à l'avortement et le soir, elle fête jusqu'à la fermeture des bars avec ses deux fidèles amis James (Stéphane Demers) et Myriam (Anne-Marie Cadieux). Bon, évidemment que tout ce petit monde sera chamboulé - sinon quel intérêt? – quand Alice tombe (et le mot est faible) enceinte, mais c'est dans sa façon de faire que le film séduit.
Les acteurs brillent du début à la fin, sans exception, alors que la toujours-appréciée Sophie Lorain, après quelques minutes de piétinement moins inspiré, fait éclore son immense talent avec une prestation juste, sans excès, appuyée par des répliques de qualité et glissant doucement vers un sentimentalisme recevable, à cause de la pertinence des situations précédentes. Vraiment, le réalisateur parvient, un peu grâce aux acteurs et un peu grâce au scénario, à rendre ses personnages attachants, à les faire accepter en dessinant leurs manies. De cette façon, on s'assure un succès enviable parmi les spectateurs québécois. Patrick Huard prend ses rôles (celui dans le film et son rôle de père) très au sérieux, et c'est apparent, tandis que Demers et Cadieux supportent toujours avec rigueur le bon déroulement du récit, apportant une touche plus comique à l'ensemble.
Ce récit, déjà peu banal, qui, d'ailleurs, refuse avec prudence de s'éterniser, alterne un humour charmant avec une certaine prise de position et se perfectionne en ajoutant de la profondeur à son déroulement, au lieu de simplement s'atrophier. Les situations présentées, même si elles manquent parfois de réalisme, séduisent tout à fait, partagent leur joie de vivre et offrent, pour les plus perspicaces et les plus ouverts, quelques pistes de réflexions introspectives. Si le propos semble un peu décalé de la réalité, il reste pertinent car, même si les préoccupations familiales modernes sont différentes, certaines femmes craignent encore pour leur carrière lorsqu'elles tombent enceinte. Le réalisateur François Bouvier y est certainement pour quelque chose, son travail est rythmé et bien centré, en plus d'être visuellement très agréable. Il est plus présent dans les premiers instants du film, mais sa saveur reste perceptible jusqu'à la toute fin. Il s'efface avec sagesse lorsqu'il n'est plus absolument nécessaire.
Si l'argumentation pro-avortement semble peu rationnelle et que la férocité de Nathalie Petrowski est plus qu'absente, Maman Last Call est quand même un succès incontesté, parce qu'il se garde de tomber dans un vulgaire sentimentalisme maladroit, parce que ses acteurs resplendissent, parce qu'il semble que les producteurs aient adroitement planifié la réussite de leur film, car il va sans dire qu'avec de telles qualités, le public est conquis d'avance.
Maman Last Call est un film adorable sur l'engagement qu'il faut savourer. L'adaptation du livre de Nathalie Petrowski partage sa bonne humeur et sert, avec intelligence, une dose pertinente d'humour en évitant avec sagesse de s'éterniser.
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