Michael Moore a choisi la saison estivale pour lancer son nouveau film, qu'on n'ose pas nommer « documentaire », et faire le contrepoids aux blockbusters et à leurs explosions avec un sujet extrêmement sérieux et complexe. Pourtant, avec ce talent qu'on lui connaît, le réalisateur de Roger and Me, Bowling for Columbine et de Fahrenheit 9/11 simplifie au maximum les éléments pour les placer dans son équation et afin d'obtenir son résultat. C'est drôlement bien fait.
Sauf que cette fois-ci, Moore se laisser aller et montre un peu des ficelles de sa stratégie. Avec ses témoignages d'Américains moyens au début du film, Moore tombe dans la flagornerie et l'émotivité flasque en présentant des témoignages d'horreur qui tombent vite dans la surenchère. Extrêmement frustrante, cette longue séquence n'a ni la saveur, ni le cynisme habituel de Moore et fait presque échouer le film avant même qu'il n'entre dans le vif du sujet.
Cependant, par la suite, Moore retrouve sa verve habituelle et va poser, en bon cinéaste et en bon patriote un peu naïf, les questions qu'il faut à l'étranger. Vrai, Moore ne voit que le bon côté des systèmes de santé canadiens et français, mais on tombe quand même dans le panneau. D'autant qu'il fait une brillante et très efficace contrepartie à la campagne de désinformation menée par les autorités républicaines contre des systèmes de santé « socialistes ». Des témoignages efficaces et courts qui s'enchaînent rapidement et qui donnent des moments de solidarité très touchants.
Dans la finale, on retombe dans la simplicité volontaire et dans l'émotion ingénue sans grande efficacité. Cependant, Moore a toujours à son avantage l'aspect logique de son réquisitoire, et les témoignages d'étrangers qui rient lorsqu'il leur demande combien ils ont payé pour leurs soins sont là pour le marquer ponctuellement et fortement.
Les images chocs et l'humour sont tout aussi justes que dans les films précédents de Michael Moore. Et on ne peut pas dire non plus que le sujet n'a pas l'envergure qu'il faut. Ce qu'il manque à Malade est un peu plus de rigueur et un peu moins de larmes; Moore ne maîtrise pas le drame aussi bien que la comédie. L'aspect caricatural ne sera jamais un problème si le film permet de lancer une discussion valable; les relents manipulateurs ne sont que des symptômes, pas des objectifs. Et on ne peut pas nier la pertinence de la croisade.
Michael Moore a le dos large - c'est le moins qu'on puisse dire - et on l'accuse aujourd'hui de tous les maux. Malade est un pamphlet manipulateur et juste assez malhonnête comme on le clame sur tous les toits. On pourrait donc accuser son auteur des mêmes vices, mais pas de ne pas prendre la santé de son pays à coeur, et à éviter l'aphasie généralisée et contagieuse actuelle.
Michael Moore a le dos large – c'est le moins qu'on puisse dire – et on l'accuse aujourd'hui de tous les maux. Malade est un pamphlet manipulateur et juste assez malhonnête comme on le clame sur tous les toits. On pourrait donc accuser son auteur des mêmes vices, mais pas de ne pas prendre la santé de son pays à cœur, et à éviter l'aphasie généralisée et contagieuse actuelle.