Depuis sa première mondiale à Sundance en début d'année, une rumeur plus que favorable plane sur The Big Sick. Les mois se sont écoulés, les bons mots ont perduré en s'amplifiant et voici que la bête se pointe le bout du nez dans les salles de cinéma. Verdict? Il s'agit pour l'instant de la meilleure comédie américaine de 2017.
Il n'y a pourtant rien de spectaculaire dans ce long métrage. Il est question d'amour, de famille et de maladie. C'est la vie dans toute sa simplicité qui s'avère malgré tout compliquée pour Kumail (Kumail Nanjiani), un Pakistanais qui habite Chicago et qui tente sa chance comme humoriste. L'homme n'est pas sur la même longueur d'onde que ses proches sur les questions de l'emploi et de son futur mariage arrangé et il mentira à tout le monde lorsqu'il fera la rencontre d'Emily (Zoe Kazan), une jeune femme atteinte d'un mal mystérieux qui la plongera dans le coma.
Basé sur la véritable expérience de Kumail Nanjiani et de son épouse Emily V. Gordon (les deux signent le scénario), le récit quelque peu conventionnel est empreint d'une authenticité à toute épreuve. Le texte finement écrit navigue entre les genres sans jamais se perdre. Il y a le délire de stand-up qui est plus près du méconnu Don't Think Twice que de l'horrible The Comedian, une romance fonctionnant à plein régime, un drame kleenex pas trop manipulateur, une méditation sur le couple et même un suspense dans la dernière ligne droite. Le tout avec une tonne de clins d'oeil à la culture populaire (The X-Files en tête).
L'humour agit comme fil conducteur dans toutes les situations et il n'est jamais forcé. Au contraire, il semble naître naturellement des dialogues, souvent hilarants mais également touchants et d'une sensibilité à fleur de peau. Malgré la présence de Judd Apatow comme producteur, l'ensemble se révèle plus sincère et complexe que sur ses propres créations. Le script intelligent touche aux fondements du rêve américain sans jamais rejeter ses immigrants pour qui les traditions sont si importantes. Cela a donné par le passé des drames prenants tels que le récent Noces de Stephan Streker. Plus léger, plus libéral, The Big Sick cherche d'abord le divertissement sans s'occulter des réalités quotidiennes qui lui donnent cette profondeur salvatrice, faisant même pleurer au passage.
Sans doute que l'effort aurait été plus marquant s'il avait bénéficié d'une mise en scène plus élaborée. La réalisation de Michael Showalter (qui a offert par le passé le très respectable They Came Together, mais aussi les vites oubliés Hello, My Name is Doris et The Baxter) est terriblement classique, fondée sur les échanges entre les individus. Bien que le rythme soit potable, un peu de pep façon La guerre est déclarée aurait pu dynamiser le résultat final.
Ce qui prime ici est la qualité du texte et évidemment celle de l'interprétation. Cette dernière, de premier ordre, rappelle le grand talent de Kumail Nanjiani, qui a été plus exploité à la télévision. Il est attachant et toujours humain, développant une chimie extrêmement mignonne avec Zoe Kazan qui trouve son rôle le plus vivifiant depuis Ruby Sparks. Les beaux-parents du héros, campés royalement par Ray Romano et Holly Hunter, s'accaparent l'espace nécessaire pour se faire valoir et le couple parfaitement assorti fait grande impression.
The Big Sick est ce type de projet que l'on aime d'amour malgré ses petits défauts et son manque d'ambition. Le rire permet tous les voyages et lorsqu'il est utilisé subtilement, aucun sujet n'est à son épreuve. Le film est tellement bien écrit, tellement bien joué qu'il reste en tête plus longtemps que la majorité des productions estivales.