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Love & drogue.
Audrey Diwan frappe fort et juste pour son premier long-métrage. Elle s’attaque à un sujet relativement classique au cinéma, la dépendance à la drogue. En l’occurrence ici celle à la cocaïne. Mais on sent qu’elle s’est fortement documentée sur le sujet par la foultitude de détails notables qui parsèment le film et le rendent crédible au plus haut point. On apprend même certaines choses incroyables sur le sujet. Normal me direz-vous. Mais certains ne s’embarrasseraient pas d’autant de précision ou ont abordé le sujet différemment comme par exemple l’inoubliable chef-d’œuvre qu’est « Requiem for a dream » et son traitement implacable. Ici on est dans une veine sociale et réaliste absolue. Le cercle vicieux et inaltérable de la dépendance est montré sous son jour le plus probant et juste dans le contexte du quotidien d’un homme comme les autres. Ce choix et la manière de montrer cette incursion nocive au sein d’une famille lambda est judicieux et pertinent. Il nous met face à la dure réalité de la chose et des ravages et dommages collatéraux que cela va avoir dans la cellule familiale. Des effets parfois irréversibles et souvent insoupçonnés mais bien réels qui rendent le film passionnant. Chaque détail sonne vrai et cela joue beaucoup dans la réussite de « Mais vous êtes fous ».
Mais le film (ou le sujet) en cache un autre, tout aussi maîtrisé et passionnant. Derrière le drame que va vivre cette famille à cause du père tombé secrètement dans la cocaïne va naître un très beau film d’amour et une belle leçon de résilience et de résistance pour le couple. Par ce postulat de base, on va vivre de beaux moments d’amour et de tendresse sentimentale à côté des séquences tragiques plus dures émotionnellement. A ce titre, Pio Marmaï et Céline Salette forment un beau duo de cinéma, complètement en osmose, dans cette épreuve qui amène leur couple et l’amour qu’ils se portent à se remettre en question. Ils nous font ressentir indubitablement ce que l’on pourrait endurer face à un tel drame. D’un côté la lutte contre son addiction et l’éventuelle rechute pour le père et de l’autre la confiance perdue et la paranoïa d’une rechute de l’homme aimé pour la mère.
Durant une bonne heure, « Mais vous êtes fous » nous emporte presque comme un thriller et il aurait pu se terminer sur le happy-end de rigueur et légitime qui n’aurait pas entaché sa réussite. Mais Diwan fait un choix plus audacieux et le script nous emmène dans une dernière partie plutôt inattendue qui boucle parfaitement la boucle (et le sujet). En effet, le final est bien plus amer que prévu et convoque la dure fatalité d’un tel drame dans la famille et les conséquences irréversibles que cela peut avoir. La psychose, la perte de la foi en l’être aimé et l’impossible retour du couple à une vie normale sont au cœur du dernier quart et rendent cette œuvre complète. Loin du documentaire, car il y a beaucoup de cinéma et de passion dans ce film, « Mais vous êtes fous » se conclue admirablement et dévoile une œuvre belle et maîtrisée de bout en bout. On reprochera juste une mise en scène anonyme et qui pourrait coller à celle d’un téléfilm accompagnant une soirée thématique sur une chaîne publique. Mais on s’en départira pour apprécier ce premier essai concluant.
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