Main dans la main de Valérie Donzelli aurait certes pu être une comédie romantique fantastique originale et légère (dans le bon sens du terme), mais la fraîcheur et la magie du film français se distillent beaucoup trop rapidement pour qu'on le qualifie de réussite. L'idée de deux personnes qui se rencontrent et sont immédiatement frappées d'une passion telle qu'elles ne peuvent plus se séparer physiquement était intéressante pour ce genre de production fleur bleue qui exploite généralement les mêmes thèmes sans trop de variations. Inclure un aspect surnaturel à ce genre de films apporte effectivement un vent d'exotisme lorsqu'il est bien traité, mais ici, le résultat est mitigé.
Il y a bien des failles dans le « sort » qui frappe les amoureux, et beaucoup trop d'exceptions (lorsque l'un dort, ils peuvent être séparés) et de nuances (la distance minimale qui les sépare est variable) pour en faire une description circonstanciée. Si ce n'était que les incohérences de l'enchantement qui nuisaient à la cohésion du récit, peut-être l'excuserions-nous, mais comme la structure de la trame narrative et la construction des personnages sont également en cause, on s'attarde davantage à ces non-sens qui parsèment le film et agacent inévitablement le spectateur à l'affût.
On sent que la réalisatrice tend à décrire des relations intimes que les protagonistes entretiennent avec des gens de leur entourage qui ne sont pas leur amoureux(se) - l'homme embrasse sa soeur sur la bouche et la femme dort dans la même chambre que son amie -, mais le contexte de ces rapports hasardeux est rapidement abandonné au profit d'une histoire d'amour peu probable entre une professeure de danse de l'opéra de Paris et un vitrier des banlieues de quinze ans son cadet. Le film, qui aurait pu décrire les relations interpersonnelles de manière ludique et efficace, décide plutôt de se pencher sur une histoire d'amour lacunaire... Un choix discutable.
Les thématiques exploitées dans la production sont aussi beaucoup trop éparses pour engendrer une cohésion au sein de l'intrigue. Le film qui s'amorce sur des airs de désinvolture et de frivolité se termine sous des bruits de mort et de déchirures. Si Main dans la main était parvenu à conserver son aspect fringant du début, peut-être que cet amer goût d'inachèvement ne nous resterait pas collé au fond de la gorge si longtemps après la fin de la projection. Main dans la main a tenté d'être beaucoup trop à la fois et n'est parvenu qu'à n'être qu'une infime partie de ce qu'il envisageait et le public le ressent irrémédiablement.
Les premières 45 minutes du conte sont agréables, mais dès que l'idée du sortilège d'amour a été expliquée et que les personnages ont compris son effet, et que les spectateurs aussi, le charme n'opère plus et l'intérêt se résilie progressivement. Encore une fois, on est en présence d'une bonne idée qu'on a décidé d'exploiter de la mauvaise façon...