Lors de la sortie de G.I. Joe: The Rise of Cobra en 2009, les médias américains s'étaient lancés sur la rumeur croustillante qui voulait que l'acteur principal du film, Channing Tatum, avait été découvert alors qu'il dansait nu dans un bar de striptease. Quand des images sont apparues sur le web pour confirmer la nouvelle (le vidéo est probablement encore disponible à quelque endroit sur la toile pour les curieux), la frénésie n'a fait qu'augmenter. Il y avait là, sans aucun doute, un potentiel cinématographique alléchant et il ne fallait pas être un grand spécialiste d'Hollywood pour savoir que quelqu'un s'accrocherait les pieds dans cette histoire. Heureusement pour nous, il n'y avait probablement personne de mieux désigné que Steven Soderbergh pour s'attaquer à un tel projet. Avec ses récentes expérimentations sur The Girlfriend Experience - le portrait marginal d'une escorte féminine - et ses talents évidents pour l'adaptation d'un récit papier à un récit filmique, le cinéaste avait manifestement les outils requis pour transporter un tel sujet à l'écran.
La réalisation est d'ailleurs l'une des plus grandes qualités de cette production qui, entre d'autres mains, aurait pu aisément s'engager imprudemment sur une chaussée glissante et se casser la gueule. Soderbergh a choisi des situations réalistes, des personnages crédibles et des conversations censées. Au cinéma, les protagonistes s'expriment l'un après l'autre pour garder une certaine unité et une intelligibilité (généralement nécessaire) à l'ensemble de l'oeuvre. Ici, personne ne s'écoute. Comme dans la vie, les individus n'attendent pas que leur interlocuteur ait terminé leur discours pour renchérir et, souvent, on nous permet d'entendre plus d'une discussion à la fois (ce qui a visiblement causé bien des maux de tête à l'équipe de doublage, qui livre un produit inégal, beaucoup trop écho). Cette technique d'imbrication des conversations confère une vérité au film dont il ne fait que profiter.
Le public ira voir cette production pour les abdominaux reluisants, les fesses rebondies et les contorsions érotiques d'acteurs séduisants (ceux qui consultent le Playboy ne le font pas pour les articles, alors ceux qui iront voir Magic Mike, ce ne sera pas pour l'histoire), et il ne sera pas déçu puisque Soderbergh en donne suffisamment pour attiser son auditoire. Mais au-delà de ses stripteases explicites et de ses corps en ébullition, la narration est fort pertinente et le portrait de ce danseur de 30 ans, fort révélateur. Le réalisateur nous donne une vision très saine de cet univers méconnu qu'on pourrait, de l'extérieur, qualifier de débauché et nous présente aussi, sans réserve, les revers de la médaille (après tout; « C'est juste du GHB »).
Channing Tatum et Alex Pettyfer font un travail fort respectable en tant que vétéran et recrue dans le milieu du striptease, mais c'est Matthew McConaughey, dans le rôle d'un propriétaire de bar passionné et un peu désaxé, qui donne la performance la plus mémorable. Cody Horn est également fort crédible et attachante sous les traits de la grande soeur raisonnable qui tente de comprendre les limites de ce monde pervers.
Malgré quelques coupures dans le rythme et quelques superfluités scénaristiques, Magic Mike en donne plein la vue à ses admiratrices tout en nourrissant, en parallèle (et subtilement), leur esprit. Je ne crois pas que lorsque Channing Tatum a commencé à se déshabiller pour gagner sa vie, il pensait qu'un jour on le paierait des millions pour le faire devant la caméra de Soderbergh. La vie est pleine de surprise...
Mais au-delà de ses stipteases explicites et de ses corps en ébullition, la narration est fort pertinente et le portrait de ce danseur de 30 ans, fort révélateur.
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