« Tout Dieu qui vaut la peine qu'on croit en lui nous envoie toujours des gars en string quand on en a besoin »
Les avis sur le premier Magic Mike était mitigés. Personnellement, je faisais partie du clan qui a beaucoup apprécié l'oeuvre de Soderbergh. Les danseurs nus étaient évidemment un argument de taille pour me convaincre, mais il y avait plus que ça dans Magic Mike, quelque chose qui manque sérieusement à sa version XXL; une personnalité. Le réalisateur de Ocean's Eleven avait apporté avec lui un caractère et une originalité qu'on ne retrouve plus dans la suite. Heureusement, il est resté en tant que directeur photo, donc un peu de son talent est resté accroché à la franchise (quelques plans hors focus et hors cadre magnifiques qui nous rappellent un peu le précédent film), mais ce n'est pas suffisant pour la sauver.
En entrevue, Channing Tatum clamait partout que le premier opus tournait trop autour de Mike et qu'il voulait que le second s'attarde davantage aux personnages secondaires. C'était un geste très humble de sa part, mais le problème ici relève dans le fait que c'est justement Mike que le public a envie de voir. Le premier film, et toute la campagne publicitaire du second était tourné vers lui, et donc, même si on a affublé des personnalités très distinctes et complexes à Tarzan, Ken, Tito et les autres, c'est de Magic Mike dont on veut entendre parler, pas de l'entreprise de yogourt glacé bio de Tito ou des talents de peintre de Tarzan.
On a aussi beaucoup centré la campagne publicitaire sur la danse, nous répétant que ce nouveau film montrerait davantage de chorégraphies et encore plus de peau. C'est donc assez triste qu'on en vient à réaliser qu'on nous a menti. Le long métrage, réalisé cette fois par Gregory Jacobs, laisse place à des dialogues languissants sur l'avenir, les rêves d'enfant irréalisés et l'appétit d'une vie meilleure. Des choses qui pourraient être pertinentes dans un drame de moeurs, mais qui ici, au sein d'une production qu'on nous a vendue comme sensuelle, sexuelle et salace, font figure d'outrage.
Il y a bien quelques scènes qui éveillent les sens, notamment celle où Magic Mike (rappelons-le : celui qu'on était venu voir) danse dans le club privé de Rome, et d'autres, comme celle où Joe Manganiello s'efforce d'attirer l'attention d'une caissière placide dans un dépanneur, qui amusent et qui nous font nous demander pourquoi tout le film n'est pas construit uniquement avec ces séquences à la fois drôles, sexy et originales.
Le danseur Stephen « twitch » Boss livre également une performance remarquable. Ses quelques scènes sont parmi les meilleures de la production. Andre, joué par Donald Glover, est aussi un personnage intéressant mais la traduction lui enlève un peu de son charme alors que le rap qu'il imagine spontanément pour séduire une cliente est traduit dans un français malhabile et gênant (les risques de la traduction...).
Le film Magic Mike était si différent, juste assez délinquant et intelligent, mais sa suite manque de panache et d'audace. Celui qui a tenté de convaincre la masse avec des taglines lubriques (« Revenez vous rincer l'oeil ») n'arrive pas à remplir ses promesses. Dommage parce qu'il y avait définitivement du potentiel dans les rangs pour émoustiller ces dames...