Une collation (ou un « snack », comme disent les jeunes) a pour but de sustenter un individu entre deux repas. Mais il y a des pièges à éviter.
Par exemple, il est fortement déconseillé de tremper un bonbon sur dans un pot de crème sure, même si l'emploi du même adjectif pour décrire les deux aliments peut sembler indiquer le contraire.
Mais parfois, il est nécessaire de tenter certaines expériences pour prendre réellement conscience du goût atroce qu'une combinaison d'ingrédients peut laisser en bouche.
Après l'infect Morbius, nous aurions pu croire que Sony Pictures aurait un tant soit peu appris quelque chose de cette tentative désespérée de garder une mainmise sur l'univers de Spider-Man au grand écran.
Le présent Madame Web, de la réalisatrice S.J. Clarkson (une habituée de la télévision), nous confirme que ce n'est malheureusement pas le cas.
En fait, tout le film essaie constamment, mais en vain, de justifier son existence - et la place qu'il est censé occuper quelque part dans l'univers de Marvel qui n'est pas le MCU.
Le scénario emprunte d'abord la voie de Terminator - le voyage dans le temps en moins - quelque trente ans après que l'égocentrique Ezekiel Sims eut hérité des habiletés d'une araignée rarissime du fin fond de la jungle péruvienne (pourquoi pas?). Depuis, l'homme est hanté par une vision de sa propre mort aux mains de trois femmes possédant elles aussi des pouvoirs surnaturels.
Ce dernier entreprend donc de mettre ses trois futures assaillantes hors d'état de nuire avant qu'il ne soit trop tard.
Heureusement pour le trio, Cassandra Webb, une ambulancière dont la mère biologique a jadis été tuée par Ezekiel (évidemment), se découvre des pouvoirs de clairvoyance qui aideront ces dernières à échapper aux attaques répétées de l'homme à la force surhumaine.
Dès le départ, ce type de production n'existe que pour combler un vide dans le calendrier jamais très achalandé du milieu de l'hiver.
Et toute cette entreprise serait tout à fait respectable si l'équipe de production montrait un tant soit peu d'intérêt envers leur propre projet. Mais nous sentons constamment que le tout a été pensé et dirigé sans créativité ni passion, en plus d'un manque cruel d'attention aux détails.
Les raccourcis narratifs sans queue ni tête, les décisions plus que douteuses et les facilités s'empilent dès lors dans un scénario qui ne tient jamais vraiment la route.
À l'écran, Dakota Johnson a rarement paru autant sur le pilote automatique, tandis que Sydney Sweeney, Isabela Merced et Celeste O'Connor n'ont aucune matière avec laquelle travailler.
Même son de cloche pour le généralement très compétent Tahar Rahim, qui offre une performance anémique dans la peau d'un antagoniste à propos duquel nous n'apprendrons absolument rien au cours de ces deux heures de calvaire.
L'ensemble est d'autant plus miné par des dialogues explicatifs aussi abondants qu'irritants et mal livrés, un montage bâclé dépourvu du moindre rythme, et des mouvements de caméra aussi imprécis que superficiels.
Les - trop rares et trop brèves - séquences d'action sont orchestrées avec aussi peu de conviction et de savoir-faire, tandis que le film se dédouane complètement de ses meilleurs éléments dramatiques en ne leur accordant jamais le temps d'écran ni l'importance qu'ils méritent.
Même les clins d'oeil - tout ce qu'il y a de plus futiles - à la future existence d'un certain Peter Parker n'inspirent pas grand-chose d'autre que de longs soupirs d'exaspération.
En fait, le seul véritable atout de Madame Web, c'est son initiative de prendre quelques minutes pour montrer au public la bonne méthode pour effectuer une réanimation cardiopulmonaire.
Contrairement à Morbius, le film de S.J. Clarkson peut au moins se vanter de faire oeuvre utile le temps d'une scène.
Et dire qu'après un tel gâchis, la production a tout de même la prétention de paver la voie pour une éventuelle suite...
Merci, mais non merci.