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Claude bande mou...
On a connu Sylvie Verheyde plus inspirée (comme le prouve « Stella » qui reste sans doute son meilleur film à ce jour) et il semblerait que le portrait de cette illustre femme qu’est Madame Claude, figure de l’ombre de l’Histoire française de la seconde partie du XXème siècle, ait été un sujet trop grand pour elle. Ce biopic aurait pu être passionnant, résonner avec l’actualité et être un grand film sur toute une époque. Mais, las, nous n’aurons droit qu’à une triste illustration de la vie de quelques années de la proxénète la plus célèbre de l’histoire française. Et si Karole Rocher est la muse de Verheyde (elle est quasiment de tous ses films et le plus souvent en tête d’affiche) et qu’elle brille dans ses œuvres plus souvent que de raison, lui confier le rôle-titre de « Madame Claude » relève de la fausse bonne idée. Elle n’y est pas mauvaise, elle n’est juste pas adaptée à ce rôle, car bien trop rustre et dotée d’une gouaille trop populaire pour incarner une personnalité si singulière et sensuelle. Donc déjà cela commence mal.
Mais le plus gros problème de ce biopic est sans conteste son scénario. Il ne sait pas faire ressortir la sève du personnage et ses multiples facettes comme il ne parvient pas à retirer les moments les plus importants de sa vie. Après un début qui en vaut un autre, la structure narrative du long-métrage part dans tous les sens et tout paraît survolé et bâclé au niveau de l’écriture. « Madame Claude », plutôt que de se concentrer sur son personnage titre et ses activités, fait le choix de partir à l’aveugle sur pas mal de sous-intrigues, la plupart supposément inventées pour les besoins du film. Des embryons d’intrigues même, le plus souvent inintéressantes et avortées (la tentative d’assassinat, le Chah d’Iran, …) qui nous laissent sur notre faim. Les seconds rôles qui les nourrissent ne sont que des ombres mal esquissées (hormis Garance Marillier dans un personnage qui volerait presque la vedette à la vedette de ce biopic!). Et pour couronner le tout, le montage censé relier toutes ces scènes souvent inutiles est tout à fait chaotique. A se demander si Verheyde y a assisté.
C’est donc une déception que de voir un matériel au potentiel cinématographique si puissant accoucher d’un film si mineur, voire même raté sur certains points. Heureusement, hormis un passage à vide en milieu de film, cela se laisse regarder sans déplaisir mais sans grande conviction non plus. Fidèle à elle-même, les images de Verheyde choisissent le brut et le terne. Néanmoins un tel sujet baigné dans un contexte d’époque et serti dans un certain milieu bourgeois ne méritait-il pas un excès d’esthétique plus poussé? On a l’impression d’être devant un téléfilm tout juste correct au niveau du visuel. Cependant, « Madame Claude » nous éclaire sur quelques secrets d’alcôve et fait passer gentiment le temps tout en restant timoré sur des sujets bien trop brûlants. Bref, le film (ou le documentaire) à faire sur Claude est toujours à faire…
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