D'abord, je ne suis pas particulièrement fan des films de Rodriguez, mais il faut avouer que Machete apportait quelque chose de rafraîchissant et de délinquant à l'offre cinématographique lors de sa sortie en 2010. Sa suite, Machete Kills était très attendue, mais décevra probablement la masse en raison de son contenu déficient et de son humour parfois boiteux. Évidemment, on retrouve dans ce deuxième chapitre toute l'irrévérence du premier film et sa grande brutalité (jamais nous n'aurons vu autant d'hommes être déchiquetés par des hélices que dans Machete Kills), mais cette fois, ce n'est pas suffisant.
Le principal problème de Machete Kills, c'est la faiblesse de son histoire. On pourrait croire qu'avec un personnage aussi loufoque, des situations aussi insensées et des répliques salaces comme celles-là, on peut se permettre n'importe quelle entorse à la narration, mais c'est faux. On se perd dans les divagations scénaristiques de Rodiguez et après une heure de bataille sans merci pour des raisons obscures (on sait qu'il est question d'un missile, d'un révolutionnaire et de la défense des États-Unis, mais tout le reste est nébuleux), on ne s'intéresse plus au destin de notre héros mexicain.
Il y a tout de même quelques flashs savoureux dans Machete Kills; une bande-annonce présentant le troisième opus en guise d'introduction, des scènes plus lubriques adaptées pour des lunettes 3D que le public n'a pas, le générique d'ouverture aux couleurs psychédéliques et de délicieuses références contemporaines, dont un cocasse « On n'est pas dans un Tarantino les mecs ». On ne peut nier que Machete; le premier et le deuxième sont empreints d'une folie et d'une arrogance que les autres ne peuvent que tenter d'imiter.
Étrangement, cette nouvelle mouture n'est pas sans rappeler le premier Austin Powers; le gros missile qui menace la sécurité de la planète, la fusée, les habits spatiaux, le Don Juan (ici malgré lui), la musique sortie d'un synthétiseur, un type d'humour irrévérencieux et les fusils qui sortent des seins de femmes fatales. Rodriguez a aussi su tirer profit des vedettes qu'il a engagées. Le personnage du caméléon qui se transforme successivement en Walton Goggins, Cuba Gooding Jr., Lady Gaga et Antonio Banderas est un bel exemple de l'intelligence du scénariste, tout comme le personnage de Voz, un scientifique fou interprété avec doigté par Mel Gibson.
Le film de série B - que l'on veut commercial - n'est pas un style facile à maîtriser et si quelqu'un peut se vanter de contrôler ses balises, c'est bien Robert Rodriguez. Malheureusement pour lui par contre, il semblerait qu'une facture aussi singulière que celle-ci a ses limites, ou peut-être est-ce l'univers dans lequel son personnage évolue qui s'avère plus limité que prévu. Peu importe la raison, Machete Kills manque de cohérence (une chose que l'on aurait pas cru reprocher un jour, de pleine conscience, à Rodriguez).