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Double Zoé.
Julie Delpy est vraiment une artiste surprenante. Touche-à-tout du cinéma devant et derrière la caméra depuis presque trois décennies à travers le monde, elle nous revient en tant que réalisatrice et actrice dans le rôle principal avec « My Zoé ». Tenez-vous bien : on a pu la voir tout autant dans un « Avengers » que chez Jim Jarmush (« Broken Flowers »). Aussi bien dans la trilogie romantique des « Before » de Richard Linklater où elle forme un duo culte avec Ethan Hawke que dans la comédie populaire lourdingue avec Dany Boon, « Lolo », qu’elle a réalisé et qui reste son pire film. Mais la frenchie, à cheval entre l’hexagone et le Nouveau Continent, a aussi réalisé d’autres oeuvres aussi variées que la comédie de groupe « Le Skylab », le diptyque « 2 Days in Paris » et « 2 Days in New York » ou encore le portrait d’une figure gothique et sanguinaire avec « La Comtesse ». Et elle apparaît aussi dans des séries qu’elle réalise (« On the verge »)! Artiste complète, autodidacte et hétéroclite dans toute sa splendeur donc!
Devant autant de projets aussi variés sur la forme comme sur le fond, il faut bien que parfois l’artiste se plante. On peut dire qu’avec ce film plutôt particulier, elle n’est ni dans la moyenne haute de sa filmographie en termes de réussite mais on ne peut pas dire non plus que le film soit mauvais, donc pouvant figurer en queue de peloton qualitatif de ses nombreux projets. « My Zoé » est donc dans un entre-deux. Une œuvre à la base assez classique, parlant des relations de couple après divorce et des difficultés de la garde partagée d’une enfant. Mais le récit prend une tournure très inattendue dans son dernier tiers, le moins réussi, qui rend ce film assez singulier et l’empêche d’être vraiment bon. Delpy ose certes, expérimente même, quitte à se louper et on ne pourra certainement pas lui en vouloir de sortir encore de sa zone de confort. Mais dans ce cas de figure précis, elle ne parvient pas à transformer l’essai à cause de ce virage narratif impromptu virant légèrement à la science-fiction dite réaliste.
Pourtant, durant près d’une heure, on est captivé par le combat et les coups bas que se livre ce couple divorcé qui se dispute les conditions de la garde de leur petite fille. Richard Armitage fait face avec brio à la réalisatrice et cela occasionne des moments tragiques très forts et des moments de conflits intenses et justes. Le drame qui se joue nous touche, nous scotche à notre siège même. Quand « My Zoé » bivouaque vers le thème du clonage, ce n’est pas forcément mauvais mais on dirait un autre film. Et la cinéaste n’a ni le temps de creuser et d’honorer ce nouveau sujet en si peu de temps. On dirait qu’il y a deux films différents et que les deux se répondent mal. C’est peut-être l’œuvre la plus clivante de sa réalisatrice mais la plus apaisée aussi, laissant l’humour, la farce et le joyeux bordel de la plupart de ses précédentes mises en scène de côté. A la fois plaisant et fort dans sa première partie mais avec une seconde qui nous laisse quelque peu dubitatif, ce film ne plaira pas à tout le monde mais l’expérience vaut cependant parfois la peine.
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