Les films d'horreur obtiennent toujours de bons résultats au box-office. Il s'agit d'un genre pour lequel les cinéphiles acceptent d'abandonner le confort de leur salon pour les salles sombres. L'affluence pour le nouveau film des studios Blumhouse le jour de sa sortie nous le confirme à nouveau. M3GAN avec son visage de silicone, ses grands yeux bleus et ses mouvements mécaniques perturbants a de quoi faire frissonner bien des adultes n'ayant plus l'âge de jouer à la poupée. Si Chucky et Annabelle sont encore source de cauchemars aujourd'hui, on peut s'imaginer que M3GAN aura son lot de victimes nocturnes elle aussi.
Le film suit Gemma, une conceptrice de jouets qui développe un prototype audacieux : une poupée qui accompagnerait les parents dans leur quotidien avec leurs enfants, qui serait à la fois une confidente, une complice de jeux, une professeure et une gardienne. Lorsque sa soeur et son mari décèdent dans un accident de voiture, Gemma se retrouve tutrice de sa nièce, Cady. Afin de l'aider à traverser ce moment difficile, elle la met en contact avec son robot, M3GAN. La fillette crée rapidement un lien avec la poupée, qui s'adapte très bien à son environnement, peut-être un peu trop bien d'ailleurs. Bientôt, elle agira selon ses propres lois, jusqu'à blesser et même tuer.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, le suspense d'épouvante ne nous fait pas sursauter pour tout et pour rien. Ses jump scares sont calculés et drôlement efficaces. Mais, ce n'est pas tant l'aspect effrayant de M3GAN qui captive, c'est surtout son humour noir décalé et sa satire sociale bien dosée. Le film s'amorce d'ailleurs sur une publicité absurde d'un jouet électronique hideux censé remplacer l'animal de compagnie, une version moderne du Tamagotchi. Et, tout du long, on nous propose une caricature de notre relation à la technologie. Derrière son appétit meurtrier, M3GAN nous amène à réfléchir sur la facilité de l'accès à l'information et la rapidité dangeureuse du progrès technologique. Mais loin d'elle l'idée d'être moraliste, ses quelques pas de danse témoignent, en outre, de son ridicule assumé.
M3GAN n'est pas une grande pionnière non plus. Elle ne révolutionne pas le genre dans lequel elle évolue, mais elle propose une version, sans temps mort, tout à fait louable de la comédie d'horreur qui plaît tant au public adolescent. La finale n'est pas à la hauteur du reste de la production, mais rendu là, on est déjà conquis par cette tueuse de 4'9 qui chante « Titanium » de Sia comme berceuse.