Vu au Festival du Film de Toronto 2016.
Loving raconte l'histoire d'amour entre un homme blanc et une femme noire à la fin des années 50 aux États-Unis. Loving ne s'improvise pas professeur d'histoire comme d'autres films l'ont fait avant lui. Il dépeint une injustice flagrante, un racisme déplorable, mais il s'évertue avant tout à raconter une histoire d'amour inspirante et vraie.
Richard Loving a épousé la femme de sa vie, Mildred, dans l'état de Washington en 1958. Puis, lorsque les amoureux sont revenus au bercail en Virginie après leurs épousailles, ils ont été arrêtés par les autorités locales puis condamnés en raison de leur mixité raciale. Ils ont pu éviter la prison en quittant la Virginie. Mais, les Loving ont fini par s'ennuyer suffisamment de leurs proches pour prendre la décision de retourner auprès des leurs et de faire face à la musique. Ils ont défendu leurs droits civiques jusqu'en Cour Suprême.
Il ne s'agit pas ici d'une intrigue enlevante, mais la beauté de leur combat transparaît à l'écran et c'est suffisant pour retenir notre attention. Le film s'avère, tout compte fait, plutôt flegmatique, probablement encouragé en partie par son protagoniste masculin qui démontre très peu d'émotions. Là se révèle d'ailleurs tout le talent du comédien Joel Edgerton, qui arrive à rendre sympathique un personnage grognon, froid, presque imperturbable. L'actrice Ruth Negga, qui interprète Mildred Loving, est certainement la plus grande découverte de ce film. Délicate, touchante et déterminée, elle brille à l'écran et nous amène irrémédiablement à nous attacher à cette femme courageuse.
La première demie souffre d'une lenteur qui pourrait en gêner certains (les plans fixes et les silences n'aidant pas sa cause), mais la chose se corrige dès la mi-parcours alors que l'intrigue entourant le procès ravive un peu le tout. Il faut dire, par contre, que malgré la rigidité de ses images, Jeff Nichols (Take Shelter, Mud, Midnight Special) apporte une humanité et une bonté particulièrement vibrante à son film. Les textes sont simples, le récit l'est également (pas besoin de connaître les fondements de l'Amérique ségrégationniste pour apprécier Loving), mais l'histoire d'amour transcende sa sobriété. Loving renferme également un humour inattendu; subtil, mais intelligent.
Ce film, sans grandes fioritures artistiques, touchera le coeur et l'âme de ceux qui accepteront de se faire transporter doucement et affectueusement par la caméra sensible de Jeff Nichols.