Nicolas Cage dans la peau d'un psychopathe satanique. Il y a vraiment des scénarios qui s'écrivent tout seuls...
Mais au-delà de ce rôle que l'acteur le plus expressif d'Hollywood campe avec une folie et une imprévisibilité renforçant autant le côté malsain du récit qu'elles intègrent quelques savantes pointes d'humour tout aussi déstabilisantes, Longlegs est un thriller policier oppressant et extrêmement maniéré.
Nous suivons ici l'agent du FBI Lee Harker (Maika Monroe) qui, après que sa clairvoyance et son instinct lui aient permis de retrouver la trace d'un dangereux meurtrier, est affecté à une enquête non résolue, et à la traque d'un potentiel tueur en série s'identifiant par le pseudonyme de « Longlegs ».
Les autorités soupçonnent ce dernier d'être à l'origine du massacre de plusieurs familles, même si rien ne prouve qu'il était présent sur les lieux au moment de ces meurtres sordides. Se découvrant un lien avec le tueur, Lee doit tout mettre en oeuvre pour éviter que ledit Longlegs - qui semble employer des méthodes difficilement explicables d'un point de vue rationnel - ne fasse de nouvelles victimes.
Le quatrième long métrage d'Oz Perkins (Gretel & Hansel) a été comparé plus d'une fois au Silence of the Lambs de Jonathan Demme, et nous comprenons rapidement pourquoi. Les parallèles se dressent d'abord entre les personnages interprétés respectivement par Maika Monroe et Jodie Foster. De leur percée au coeur d'un univers tourmenté et sadique à leur obsession pour une enquête paraissant sans issue, en passant par le développement d'un lien étroit - quoique de nature foncièrement différente - entre la jeune recrue du FBI et un dangereux tueur.
La mise en scène aussi méticuleuse que rigide d'Oz Perkins, conjuguée à la magnifique direction photo froide et austère de Tak Fujimoto (qui est également à l'origine de celle de The Silence of the Lambs - tiens donc...) et à la performance très réservée, mais néanmoins intense de Maika Monroe, contribue à soutenir le fort climat de mystère, de tension et d'inquiétante étrangeté du début à la fin.
Surtout, il est particulièrement rafraîchissant de voir un cinéaste aller enfin au bout d'une idée flirtant avec l'occulte et le paranormal, plutôt que de finir par recroqueviller son récit dans des recoins de nature plus psychologique, comme ce fut abondamment le cas au cours de la dernière décennie.
Ceci étant dit, autant le dernier acte se révèle marquant en termes d'atmosphère et de révélations chocs, autant la finale lève le voile sur quelques raccourcis et incohérences au niveau du scénario qu'il devient de plus en plus difficile d'ignorer. Et c'est définitivement ici que Longlegs perd quelque peu de sa consistance, surtout face aux oeuvres phares du genre auxquelles il a pu être comparé (l'influence du remarquable Se7en de David Fincher se fait également sentir à plusieurs moments).
Le film d'Oz Perkins demeure néanmoins un thriller fascinant sur le plan de la forme, et profondément déstabilisant au niveau du fond. L'ensemble est parfaitement cadencé au rythme de l'assemblage des pièces on ne peut plus éparpillées d'une énigme aussi prenante et captivante que déboussolante.
Car le cinéaste fait également le choix judicieux de ne pas laisser repartir le spectateur avec toutes les réponses en main, allant jusqu'à lui imposer une longue séquence explicative le menant légèrement en bateau en lui faisant croire le contraire.
Au final, Longlegs possède bien assez d'éléments capables de marquer les esprits au fer rouge bien au-delà du générique de clôture, et ce, même si la brillante économie de moyens dont fait preuve Oz Perkins ne compense pas totalement pour les lacunes narratives les plus persistantes.