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Beau duo mal assorti.
Décidément, hasard du calendrier ou vraie passion pour le sujet, le cinéma belge nous offre un second film sur le sujet délicat de la transsexualité. Il est donc évident que « Lola vers la mer » se verra inévitablement comparée au multi-primé et acclamé « Girl », sorti l’an passé. Pourtant, hormis cet aspect central, le traitement n’a strictement rien à voir et on peut même avancer que les deux films non plus. Si ce dernier se préoccupait davantage de la difficulté de l’opération et des troubles psychologiques et sociaux que cela pouvait occasionner pour le personnage principal, ici on est davantage dans une œuvre qui se préoccupe des liens familiaux. Deux drames sur un même sujet mais deux films qui n’ont finalement que très peu de similitudes, sauf une vision progressiste, bienveillante et réaliste d’une communauté peu connue du grand public. Et on préfèrera certainement ce beau « Lola vers la mer », film apaisé et juste qui touche en plein cœur sans jamais forcer le trait.
« Lola vers la mer » doit beaucoup à l’osmose de son beau duo principal. La nouvelle venue et véritable actrice transsexuelle Mya Bollaers est remarquable, mais c’est surtout Benoît Magimel en père largué et meurtri qui attire toute notre attention. Il évite tout excès de clichés (dans la répulsion comme l’acceptation) et manichéisme dans ce rôle délicat. Il sait alterner rage contenue et douceur maladroite envers ce fils qui souhaite devenir une fille, face à son incompréhension la plus totale. Il nous émeut et on développe beaucoup d’empathie pour lui malgré la rudesse de son rôle dès le départ. Et sa jeune partenaire le lui rend bien. Elle n’angélise pas non plus son personnage parfois ingérable pour une magnifique partition à deux. Tantôt on comprend l’un, tantôt c’est l’autre, et c’est toute la force de cette jolie chronique. Ils portent un film aussi agréable que nécessaire sur leurs épaules avec beaucoup de classe et de finesse en dépit de quelques maladresses négligeables.
Le sous-genre qu’est le road-movie - et un prétexte de cendres à disperser - permet à ce père et son fils/fille, devenus des étrangers l’un pour l’autre, de se redécouvrir et de tenter de se comprendre. Mais surtout de se pardonner. La destination et le but sont accessoires, mais le voyage, aussi classique soit-il, est magnifique. Peut-être trivial dans les similis péripéties traversées mais très fort et percutant dans les émotions qu’il nous fait ressentir. On ne s’ennuie pas une seule seconde dans ce film jamais prétentieux ou voyeuriste de Laurent Michelli. Même la transsexualité est traitée avec finesse car jamais vue comme une tare mais plutôt comme un poids à gérer et à faire accepter puis comprendre. Et au détour de quelques scènes bouleversantes, l’émotion nous emporte. Notamment lors du dernier quart d’heure, on a le droit grâce à quelques séquences déchirantes qui nous émeuvent aux larmes. Mais ce qui est fort, c’est que de la mise en scène simple mais de caractère au scénario toujours pudique et sans sensiblerie de mauvais aloi, le film parvient à ne jamais nous prendre en otage dans l’émotion. Peut-être pas le film du siècle mais « Lola vers la mer » est un bon petit moment de cinéma simple, efficace et beau.
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