Encore une autre comédie facile et ennuyante qui, en plus de divulguer ses meilleures blagues plusieurs mois avant la sortie du film dans la bande-annonce, s'entête à verser simultanément dans l'humour lubrique, souvent ordurier (le gars qui a besoin de « chier » la porte de la salle de bain ouverte, ce n'est pas drôle, c'est juste répugnant), et mélancolique. Il y une manière de jumeler ces deux genres d'humour pour en faire un film homogène - à la fois licencieux et attendrissant - mais les créateurs de Loin des yeux n'ont - visiblement - pas encore découvert la formule magique qui empêchera chacune des scènes d'être baignées par un profond abrutissement.
Garrett vient tout juste de se faire plaquer par sa copine. Le soir même, au bar avec ses deux amis, il rencontre Erin, une jeune fille formidable qui fait un stage de journaliste au New York Sentinel. Ils commencent à se fréquenter, mais Erin est bien claire avec le jeune homme : elle ne cherche pas de relation sérieuse puisqu'elle retourne dans six semaines à San Francisco pour finir son doctorat. Malheureusement, c'est le coup de foudre. Au moment de se quitter, les jeunes tourtereaux décident d'entretenir une relation à distance, trop tristes à l'idée de se quitter. Ils apprendront, à leurs dépends, que maintenir une situation amoureuse stable éloignée, c'est plus difficile qu'ils ne le croyaient.
Drew Barrymore et Justin Long ne reflètent nullement l'image du couple parfait; peut-être est-ce cette allure de vieil adolescent ou les rires démesurés - et agaçant - de sa collègue, mais les deux acteurs hollywoodiens ne concordent pas avec l'idée que l'on se fait d'un jeune couple près à tout pour maintenir sa relation vivante (c'est tout de même la base du récit, la proposition de départ).
Et les blagues vulgaires (le poil de cul sur la table) et bonasses (l'obsession d'un des personnages secondaires pour les bébés pigeons) ne font qu'affaiblir le récit davantage. Les prémisses n'étaient pourtant pas complètement absurdes; l'amour à distance est une réalité de laquelle peut découler des situations cocasses et même très déchirantes, attendrissantes, mais on a choisi d'exploiter le sujet de manière superficielle, incomplète. Inutile de se questionner après coup pourquoi on obtient un film vide et impersonnel.
Le montage a également été réalisé dans un esprit de simplicité. Les passages au noir rappellent les séries télévisées, qui ont tendance à utiliser ce procédé pour faire entrer les pauses publicitaires au creux du récit sans déséquilibrer la narration. Mais dans un film, cette technique donne plutôt l'apparence d'un produit inachevé ou fait à la hâte.
Faut-il en vouloir à Geoff LaTulippe, qui en était à sa première écriture de scénario, pour ses textes apathiques, dénudés d'émotion ou de contenu? Ou bien faut-il reprocher l'inefficacité du film aux acteurs qui, malgré leur « talent » respectif, ne parviennent pas à communiquer l'amour qui régit leur personnage? Ou même peut-être à la réalisatrice qui a choisi des coupures abruptes et platoniques et des plans généralement anonymes? C'est même peut-être la critique qui ne comprend rien (comme toujours les critiques, ça ne comprend jamais rien), mais s'il y a une chose dont je suis plus que convaincue c'est que Drew Barrymore couverte de sauce à ailes de poulet, « c'est pas beau tu suite », et que le corps de Justin Long ne cadre pas avec sa face (j'ai eu beaucoup de temps à perdre pendant le film pour me poser ses questions absurdes).
Encore une autre comédie facile et ennuyante qui, en plus de divulguer ses meilleures blagues plusieurs mois avant la sortie du film dans la bande-annonce, s'entête à verser simultanément dans l'humour lubrique, souvent ordurier, et mélancolique.
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