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Errance minimaliste.
Ce n’est pas peu dire que beaucoup ne se sentiront pas d’empathie envers le premier film de Casey Affleck en tant que réalisateur. En effet, « Light of my life » est tout sauf aimable bien qu’en lisant le synopsis on se dise qu’il s’agit là d’un film d’aventures post-apocalyptique. Que nenni! Si le contexte se déroule effectivement dans un futur proche où une pandémie a changé la face du monde et éliminer toutes les personnes de sexe féminin ou presque, on est ici dans un film très intimiste qui fait bien plus place à l’introspection qu’à n’importe quelle forme d’action. Mais ici tout ce qui touche aux raisons de ce monde dévasté reste vague et seuls quelques flashbacks avec une Elisabeth Moss exagérément sacrifiée viennent éclairer notre lanterne, mais ce n’est pas le sujet du film. Le script emprunte à quelques classiques qu’il mélange habilement mais sans grande originalité. De « Leave no trace » pour la relation père-fille et la fuite en pleine nature à « Les Fils de l’homme » pour le sexe féminin en voie de disparition (donc la procréation par ricochet) en passant par « La Route » pour l’errance dans un monde dévasté.
Mais Affleck ne plagie pas et il fait entendre sa petite musique singulière pour peu qu’on s’y laisse plonger. « Light of my life » est parfaitement maîtrisé mais il est possible aussi de vite s’en détacher ou de s’y ennuyer. C’est très lent et durant la première partie on peine à s’accrocher à ce rythme neurasthénique et contemplatif. Et c’est également long puisque le long-métrage dure deux heures. Mais c’est le prix à payer pour le spectateur persévérant. Car au final le charme opère sur la longueur et on succombe aux nombreux atouts de ce road-movie en duo à travers la nature hivernale et un monde en plein chaos. En revanche c’est très bavard, comme en témoigne la première longue scène d’échange entre ce père et sa fille. Cela permet de bien cerner les rapports entre ces deux personnages mais il est vrai que d’en raccourcir certains voire même de supprimer quelques logorrhées verbales n’aurait pas été de trop pour le rythme et notre intérêt.
Affleck sait filmer, il le prouve ici. Et avec ce que l’on suppose être un budget minuscule, il réussit à rendre sa dystopie crédible et convaincante. Pour se faire, il se concentre davantage à filmer la nature plutôt que la ville et évite au maximum les rencontres. Et cela fonctionne. Ses plans larges sur le Midwest américain sont magnifiques et l’errance en pleine nature de ces deux-là sur un thème musical que ne renierait pas le David Lynch de « Une histoire vraie » est du meilleur effet. Et lorsque le suspense arrive à deux ou trois reprises, Affleck le traite sur le même mode minimaliste évitant tout effet d’esbrouffe pour impressionner la galerie mais se concentrant sur l’essentiel en adéquation avec son propos : l’ultra réalisme. Un réalisme proche du naturalisme pour une œuvre finalement très douce et proche des cœurs qui touche le nôtre si on veut bien faire l’effort de se lover dans son tempo très monotone.
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