Quelle histoire!!!
J'ai adoré ce film, j'en suis encore bouleversée.
Dolorisme et misérabilisme.
Parfois, question de sensibilité probablement, on n’est pas aussi touché ou emballé par une œuvre qu’une bonne partie du public. On s’en voudrait presque tant ladite œuvre semble avoir conquis les cœurs et les esprits de la majorité. Et c’est un peu ce qu’il se passe avec « L’histoire de Souleymane » qui a emballé les spectateurs et les jurés de la section Un Certain Regard au Festival de Cannes cette année où il a reçu deux prix. Celui du Jury et celui d’interprétation masculine pour le comédien non professionnel et véritable sans-papier au moment du tournage du film, Abou Sangare. Et si l’on tiquera peut-être sur le premier, la seconde récompense semble en revanche amplement méritée tant cet acteur débutant est purement et simplement extraordinaire. Certes, il joue une partition qui ressemble à sa vie mais son naturel devant la caméra est époustouflant. Son regard nous touche en plein cœur, sa détermination nous stupéfait et son monologue final est bouleversant. On ne peut le nier, sa prestation figure le noyau de ce récit.
Le film suit la quête, durant quarante-huit heures, d’un jeune sans-papier venu de Guinée. Et il semblerait que le film soit la suite involontaire du « Moi, Capitaine » de Mateo Garrone l’an passé qui narrait la traversée d’un sans-papiers depuis le Mali jusqu’à l’Italie. À quelques encablures géographiques près, cela pourrait être le suivi de la trajectoire du même personnage. Et les deux films acclamés, profondément humanistes, ont un peu les mêmes travers qui pourraient ne pas séduire tout le monde. Les deux films idéalisent quelque peu des hommes, tous deux plein de bonnes intentions et adorables certes, mais qui demeurent des hors-la-loi dans les choix qu’ils font. Et dans les deux cas, leur parcours souffre d’un dolorisme exacerbé qui vire parfois à la surenchère. Comme si le script voulait nous faire avoir pitié coûte que coûte pour eux. Et ici encore il y parvient mais cette manière de soutirer l’émotion de manière forcée est un peu malhonnête. Sur un sujet voisin, on préfèrera le « Ils sont vivants » de Jérémie Elkaim.
Bien sûr, si on entre dans la considération politique, « L’histoire de Souleymane » va faire hurler l’extrême droite tandis qu’il va clairement être encensé par l’extrême gauche. Il est donc fortement indexé sur la manière dont on appréhende le sujet et il s’avère donc pas forcément fédérateur sur ce point. Filmé comme un film des frères Dardenne, de manière naturaliste et caméra à l’épaule au plus près des actions et des émotions, il souffre aussi d’une construction mécanique voyant le personnage principal enchainer les livraisons et les obstacles en forme de désillusion. C’est court, on ne s’ennuie pas et la longue séquence finale avec l’agente chargée de lui donner ses papiers (ou pas) est effectivement déchirante. Cependant, la fin pourra apparaître au choix, facile ou trop indécise. On sera donc moins conquis que beaucoup mais on ne pourra que saluer le réalisme des situations et surtout la prestation de son comédien principal, de tous les plans.
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