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Crise conjugale en mode mineur.
On n’avait pas eu de nouvelles de Sean Durkin depuis son prometteur premier film « Martha, Marcy, May, Marlene » il y a plus de dix ans qui parlait de l’endoctrinement dans les sectes. Ici il s’attèle à un tout autre sujet avec le remake d’un film italien récent narrant la déliquescence d’un couple suite aux ambitions financières démesurées du mari. Situé dans les années 80 à l’aune des golden eighties, « The Nest » est plutôt bon mais il aurait pu l’être encore plus. Le film peut compter avant tout sur son duo d’acteurs vedettes. Un duo de haute volée. Jude Law trouve ici son meilleur rôle depuis longtemps et joue parfaitement l’envie de réussir financièrement et la frustration qui en découle. Quant à Carrie Coon dans son premier grand rôle au cinéma, elle est encore plus impressionnante en épouse aimante puis dépassée par les rêves de son mari. Par de petites expressions et son regard, elle exprime tout le désespoir de son personnage. Ils forment un duo en or qui donne toute sa substance au long-métrage.
La réalisation de Durkin est semblable à un film des années 80. La patine de la photographie est très vintage, voire terne, et colle parfaitement à l’ambiance désirée et à ce que vivent les protagonistes. Une image à la fois délavée et clinquante à l’image de ce manoir immense et vide occupé par cette famille au bord de la crise de nerfs. La tension entre le couple et le drame familial qui se noue de manière pernicieuse au fil des événements sont bien rendus. Elle monte crescendo mais la première partie de « The Nest » qui pose les jalons de cette crise conjugale est un peu longue, donnant l’impression d’un film un peu plat, monotone et tristounet. Les meilleures scènes sont celles où ce couple qui s’aime va se déchirer à cause de leur situation financière. Dans le genre on cependant très loin de l’excellence des « Noces rebelles » de Sam Mendes par exemple. Mais la scène au restaurant ou encore celle de leur dispute dans le manoir permet de cerner le fossé qui existe entre ce à quoi le personnage de Rory (Jude Law) aspire et ce qu’il a vraiment.
Mais, entre une vague critique du capitalisme de ces années-là et ce délabrement du cocon marital, le scénario ne développe pas à fond sa proposition narrative. Et l’explosion attendue n’est clairement pas à la hauteur au point qu’on en vient à se dire « Tout ça pour ça! ». De plus la fin, plutôt positive, dénote fortement avec tout ce qui s’est joué avant. « The Nest » n’a donc pas la puissance émotionnelle désirée – il reste même un film plutôt froid, comme fait de papier glacé – et surtout la dramaturgie en cours n’est vraiment pas exploitée comme elle aurait dû l’être. Le bouquet final n’a pas lieu malgré toutes les balises posées précédemment et on se demande à posteriori ce que l’auteur a voulu nous dire. Pas désagréable au demeurant mais le côté inabouti de la crise conjugale au centre de cette œuvre à l’écrin en or massif déçoit quelque peu en dépit des prestations irréprochables de son couple d’acteurs vedettes.
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