Définitivement mon cadeau de Noël le plus indigeste. Un scénario qui semble avoir été rédigé sur une napkin lors d'une soirée bien arrosée, des personnages décousus, voire absurdes, et des effets spéciaux de qualité et de visée discutables; voilà ce qui ressort de ce film aux inspirations lointaines (d'après un roman de Jonathan Swift publié en 1721) mais à l'imaginaire bien pauvre.
Gulliver travaille au service de la poste d'une entreprise de presse depuis plusieurs années. Il n'a que très peu d'ambitions dans la vie, si ce n'est qu'il espère un jour avoir le courage de séduire la belle Darcy Silverman, journaliste de la section voyage. Pour impressionner celle qu'il aime, il accepte d'écrire un reportage sur le triangle des Bermudes. Il se rend donc sur place et est attiré dans un vortex inversé qui le transporte jusque sur l'île de Lilliput, un endroit étrange où les habitants sont minuscules. Après avoir sauvé la princesse du village et arrêté un feu au château du roi, Gulliver est nommé Général de l'armée. Mais, Edward, l'ancien général, ne se laissera pas intimider par un étranger, peu importe sa taille. Il tentera donc de détruire Lilliput pour la reconstruire selon ses convictions.
L'oeuvre originale de Jonathan Swift faisait certains parallèles pertinents entre notre société et celle des Lilliputiens - un peuple avancé technologiquement, mais qui s'entête tout de même à se faire la guerre. Dans le cas présent, les petits hommes ne sont qu'un prétexte à la rigolade - quoique c'est davantage l'accablement que le rire que l'on ressent pendant ces pénibles 85 minutes - et leurs ambitions guerrières sont aisément détruites par une chanson qu'interprète Jack Black, sans grande distinction. Depuis School of Rock, les projets comiques dans lequel l'acteur s'est impliqué ont été plutôt molasses. Il est peut-être parvenu à toucher certains spectateurs dans le film The Holiday, mais il y a (trop) longtemps que Black a eu la chance de justifier sa place parmi les grands acteurs comiques d'Hollywood. Jason Segel, qui a un talent de scénariste (Forgetting Sarah Marshall) et de comédien indéniable, est également ici d'une triste monotonie. Son personnage, qui s'entête à employer un langage verbeux qui n'a aucune justification significative dans l'histoire, n'est, de plus, d'aucunes utilité narrative ou humoristique.
Si au moins on avait pu éviter les blagues de premier niveau - le célèbre pipi, caca, pet -, peut-être que la comédie familiale aurait été plus supportable, mais, malheureusement, on n'échappe pas à la pluie d'urine et aux Lilliputiens prisonniers de la craque de fesses d'un géant. Certains jeux de mots cocasses et figures de style intéressantes peuvent nous faire sourire (il faut tout de même avoir l'esprit très ouvert), mais ces quelques minutes - plutôt secondes - ne pardonnent pas l'impertinence et la balourdise globales des textes.
Vous excuserez mon cynisme en ce temps de réjouissance, mais massacrer une oeuvre légendaire de la sorte, à grands coups de « Gulvin Klein » et de « Gull Size Strong » est inexcusable, même consternant. Le comble est probablement de voir Jack Black vêtu d'une robe fleurie être tenaillé par une fillette de plusieurs mètres de haut qui tente de lui poser une couche. Y'a-t-il quelque chose que je n'ai pas saisi ou le cinéma américain a la volonté de toujours descendre plus bas?
Un scénario qui semble avoir été rédigé sur une napkin lors d'une soirée bien arrosée, des personnages décousus, voire absurdes, et des effets spéciaux de qualité et de visée discutables; voilà ce qui ressort de ce film aux inspirations lointaines mais à l'imaginaire bien pauvre.
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