Difficile d'exhaler davantage le bonheur et la joie de vivre que le nouveau film de DreamWorks Animation. Trolls est comme un bonbon très sucré qui excite vos papilles et vous enfièvre d'une énergie insoupçonnée. Il faut être particulièrement de mauvaise foi pour ne pas taper du pied et se laisser emporter dans cet univers calorifique. Ce qui ne signifie pas que Trolls est sans faute, mais son enveloppe gourmande est fort convaincante.
Dès les premières secondes, on nous plonge entre les pages d'un livre de scrapbooking et on n'en sortira qu'à la fin du générique. Paillettes, brillants, perles, cupcakes et réglisses, rien n'est laissé au hasard dans le monde de licornes et d'arcs-en-ciel de Poppy. La princesse, toujours souriante et avenante, est un personnage qu'on adopte d'emblée. Elle n'a pas encore prononcé un mot que déjà on veut qu'elle devienne notre meilleure amie. Le grincheux Branche est aussi adorable malgré ses manières frustes et son caractère renfrogné; son humour pince-sans-rire l'épargne.
La musique prend une place importante au sein de l'histoire des Trolls. Poppy et les habitants de son village chantent et dansent constamment pour témoigner de leur félicité. Le film reprend plusieurs chansons populaires, dont « True Colors », « Hello » de Lionel Richie et « The Sound of Silence ». Mentionnons que la plupart des pièces ont été traduites dans la version française du film. Même le désormais classique de Justin Timberlake, « Can't Stop the Feeling! », a sa version francophone... c'est... particulier. Cela dit, comme les paroles ont une signification capitale au sein du récit, on apprécie qu'elles aient été traduites pour les enfants.
Trolls intéressera davantage un public scolaire et préscolaire qu'adulte, mais les parents sauront aussi y trouver leur compte. Quelques passages peuvent effrayer les enfants plus sensibles, mais tout est apporté avec une telle naïveté que même les pessimistes Bergens, ennemis des Trolls, deviennent rapidement inoffensifs aux yeux des petits. On brosse les hideuses créatures comme des êtres malheureux, mais pas cruels, ce qui facilite l'approche. Trolls propose une morale de coopération, de générosité et d'épanouissement personnel. À défaut d'être subtile, elle a au moins le mérite d'être noble.
Les Trolls nous rappellent souvent les Schtroumpfs, peut-être est-ce là l'un de leurs défauts les plus marquants. La méchante Bergen, appelée Chef, qui veut faire cuire les petits trolls et les offrir à ses concitoyens, leur faisant croire que manger des trolls est la seule façon de trouver le bonheur, nous fait trop penser au sorcier Gargamel pour qu'on fasse fi des ressemblances. On peut également mentionner que lorsque l'attention n'est pas dirigée vers Poppy et Branche, l'histoire avance moins rondement et on perd progressivement de l'intérêt. La hideuse servante Bergen amoureuse du prince Avarié (référence directe à Cendrillon) n'est pas aussi intéressante que la quête de liberté des trolls...
Le film Trolls est un divertissement compétent, il va sans dire. Il est juste assez sucré pour être délicieux et ne pas tomber sur le coeur. Mais reste que certains, moins adeptes de ce genre de confiseries, seront rapidement soûlés par les extravagances des trolls qui pètent des confettis paillettés. À chacun ses excès...