Sorti plus tôt cette année, Les trois mousquetaires : D'Artagnan proposait une adaptation sombre et violente du classique d'Alexandre Dumas. Sa suite est faite du même moule.
Cela est normal, puisqu'il s'agit d'une adaptation en deux films du même roman. Une stratégie qui permet de doubler le nombre d'entrées aux guichets et de conforter le spectateur. Parce que ce projet, aussi spectaculaire soit-il, flirte dangereusement avec la télévision. L'introduction résume ce qui s'est passé dans le premier volet, alors que la conclusion se terminant sur une surprise annonce qu'une suite pourrait voir le jour en cas de succès.
On assiste donc à une marvelisation du récit. Les sous-intrigues allongent artificiellement la durée, ce qui amène humour et légèreté avec Porthos (Pio Marmaï) et Aramis (Romain Duris). Chaque personnage pourrait avoir son film à son effigie et on sent que tous les romans de Dumas - Ving ans après, le Vicomte de Bragelonne, Le masque de fer - pourront y passer. Tant mieux si cela permet à une nouvelle génération de découvrir cette littérature.
Délaissant quelque peu la royauté pour ce concentrer sur ses véritables héros, ce second tome du diptyque compose des jeux de miroirs entre le vieux mousquetaire Athos (Vincent Cassel) et le jeune D'Artagnan (François Civil) qui est passé à l'âge adulte. Chacun va souffrir au contact des femmes, de ce passé qui revient les hanter. Le premier apprendra que la mère de son fils est toujours vivante, tandis que le second fera tout pour retrouver Constance (Lyna Khoudri), kidnappée sous ses yeux.
Au centre de ces péripéties d'amour, de séduction et de fatalité se dresse Milady (Eva Green), figure mystérieuse et insaisissable, qui semble passer son temps à manipuler et trahir son entourage afin de se venger des hommes. Une présence trouble et fascinante que l'interprète rend parfaitement. À ce sujet, tous les acteurs s'acquittent honorablement de leur tâche et une réelle chimie se fait ressentir chez les personnages.
Ces jeux intimes du coeur débordent évidemment sur la sphère publique, et le scénario touffu se développe sous fond de mensonges et de conspirations. Jusqu'à cette guerre de religion qui mine la France, concoctée à la fois par l'Angleterre et un ennemi intérieur qui aspire au pouvoir.
Au-delà de ces enjeux prévisibles, c'est sur le plan esthétique que le long métrage acquiert ses lettres de noblesse. La photographie soignée du Québécois Nicolas Bolduc développe un univers authentique où nature et civilisation s'entrecroisent. De quoi évoquer le souvenir de The Lord of the Rings: The Two Towers.
Quant à la mise en scène de Martin Bourboulon, elle surprend par son utilisation des teintes et des couleurs (ici plus lumineuses que dans le précédent effort). Ce sont toutefois encore ces scènes de combats qui impressionnent. Les plans-séquences plongent le cinéphile dans le feu de l'action, et ce sont ces moments intenses et énergiques de mouvements que l'on retient une fois le générique terminé.
Grand spectacle épique et romanesque qui croise le film de cape et d'épée avec le western et le drame de guerre, Les trois mousquetaires : Milady se veut plus tragique et émouvant que son prédécesseur. Cela n'était pourtant pas une raison de faire deux longs métrages qui s'essoufflent et traînent en longueur. En un seul film, le résultat aurait été beaucoup plus puissant et mémorable.