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Ils s'aimaient.
David Lambert en est à son quatrième film et il y est toujours question d’homosexualité, même si chacun d’entre eux traite le sujet de manière différente. Mais, plus précisément, il ne s’agit pas tant d’homosexualité mais de personnages homosexuels et de leurs histoires. Ici, on fait la rencontre d’un couple gay sexagénaire ensemble depuis une trentaine d’années. Lorsque l’un d’entre eux est en retraite et se retrouve dans leur appartement sans savoir quoi faire, la crise conjugale pointe le bout de son nez. « Les Tortues » va donc devenir une sorte de comédie romantique à l’envers où un couple se délite et tente de se reconstruire. Enfin, surtout sur l’impulsion de l’un d’entre eux. En voilà un beau sujet peu traité au cinéma, un sujet précieux même, mais qui ici ne nous charme pas autant qu’on l’aurait espéré. On n’est pas vraiment dans une comédie dramatique ni une comédie romantique, le long-métrage n’étant pas vraiment drôle hormis deux ou trois répliques ou situations et ne cherchant pas non plus à l’être. On ne peut pas dire non plus que la fibre sentimentale soit de mise vu que le couple des deux tourtereaux se fissure dès le départ. Pas plus qu’on est dans un drame, l’émotion étant présente par petits instants mais la tonalité générale ne versant jamais dans la tragédie, le pathos ou la tristesse. En revanche, le cinéaste porte un regard plein de tendresse sur ce couple qui a vécu les années SIDA (ici habilement laissées en arrière-plan sans être citées, mais bien présentes), la folie du milieu gay bruxellois des années 90 et 2000 mais aussi l’usure quotidienne.
Sans conteste, on a droit à un très beau duo d’acteurs ici. Il est personnifié par Dave Johns, révélé sur le tard en tant qu’acteur non professionnel dans la seconde Palme d’or de Ken Loach (« Moi, Daniel Blake »), et du toujours impeccable Olivier Gourmet. Le premier est empreint ici d’une belle sensibilité et d’une grande fragilité dans le rôle de l’époux mis de côté tandis que l’acteur belge sort de sa zone de confort et étonne en se mettant en danger. Jamais graveleux, toujours bienveillant, « Les Tortues » est une œuvre qui a le mérite d’être courte et de ne jamais ennuyer. En revanche, sa facture trop télévisuelle et anonyme ne joue pas en sa faveur. Mais le plus gros problème du long-métrage de Lambert est son script qui tourne bien trop vite en rond. Et quand il change de braquet, c’est malheureusement sur la fin lorsqu’enfin les enjeux du film prennent une nouvelle direction. En attendant, on est dans la redite et le surplace d’un homme qui ne veut plus de son mari tandis que ce dernier tente tout pour le récupérer. En outre, les réactions de l’un ou de l’autre dans certaines situations laissent dubitatifs. Un tel sujet ouvrait la porte à maintes opportunités que le scénario n’exploite jamais vraiment rendant le résultat final un peu décevant alors que ce film aurait pu être un petit bijou de romantisme, de légèreté et de douceur. Malheureusement ces beaux espoirs demeurent majoritairement en surface pour un petit film qui se regarde gentiment mais ne laissera pas grand souvenir.
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A chacun sa tortue.
La difficulté de se retrouver en couple à la maison au moment de la retraite. Amusant et touchant.