Comédie très classique misant sur une panoplie de vedettes, une situation rassembleuse et un ton bon enfant, Les seigneurs est aussi inoffensif que possible. On pourrait aussi dire léger, anodin; juste à la frontière entre le film inutile et le film suffisamment bien fait pour être agréable. Disons que ce film franchit allègrement la frontière, et c'est la bonne humeur de ses interprètes et son esprit de synthèse qui le sauvent.
Le long métrage, assez court, va droit au but (j'essaie d'éviter les métaphores sportives, je vous le jure); c'est à la fois un défaut, car on n'a d'autre choix que de sur-simplifier les enjeux, mais aussi une qualité, puisque c'est assez bien fait dans les circonstances. Évocateur plutôt qu'explicatif, le long métrage place tout sur les épaules des comédiens et la présentation des personnages, assez plaisante, met tout en place pour un déroulement sans surprise qui a le bon sens de ne pas trop s'étirer.
La distribution toute-étoile, qui va d'Omar Sy à Frank Dubosc et Gad Elmaleh en passant par JoeyStarr et Ramzy, s'avère généralement amusante et efficace, même s'il faut avouer que les rôles, très typés, ne sont pas particulièrement exigeants. Or, la complicité entre les acteurs est bonne, ce qui donne naissance à plusieurs moments agréables - à défaut d'être hilarants -, dans ce film qui se donne des airs de Grande séduction. Parallèlement, José Garcia, qui est plus sollicité dans le rôle central, manque parfois de conviction.
Il faut préciser que si on sourit souvent pendant Les seigneurs, on ne rit sincèrement que très rarement, voire jamais. Les péripéties deviennent rapidement prévisibles, et même si elles sont bien emmenées par le réalisateur, elles ne surprennent guère. La finale, heureusement, parvient à étonner quelque peu, ce qui rend le dénouement du film beaucoup agréable qu'on l'appréhendait alors que se dessinait une conclusion d'une simplicité déconcertante... qu'on évite de justesse.
On ne peut en dire autant pour les séquences sportives, assez peu ambitieuses, elles aussi sur-simplifiées, et complètement illogiques. On attend encore le film sportif qui respectera le sport qu'il représente et ceux qui y jouent. Le montage maladroit des séquences de matchs est trop lourd et rend l'intégration difficile. Le réalisateur, Olivier Dahan, qui est aussi responsable de La vie en rose, multiplie les reaction shot, les ralentis, les effets visuels plus ou moins bien intégrés et filme bien fadement toutes ces séquences « d'action ».
En résumé, Les seigneurs est un film potable, définitivement pas assez drôle, mais suffisamment bien mené pour nous paraître agréable. On l'oubliera vite, mais la bonne humeur des interprètes et le ton léger maintiennent le film ensemble. Il faut véritablement s'attacher aux interprètes pour vivre cette histoire pleinement, puisque ni le scénario élémentaire, ni la réalisation sans personnalité ne suffiront.