Les Schtroumpfs ont bercé l'enfance et l'imaginaire de nombreuses personnes. Que ce soient les inoubliables bandes dessinées ou les gentilles animations qui jouaient régulièrement à la télévision, ces personnages bleus hauts comme trois pommes se sont inscrits dans l'inconscient à jamais.
Il était normal de les voir surgir au cinéma. Même s'ils ont fracassé le box-office, les deux films de Raja Gosnell n'avaient presque rien à voir avec l'univers de Peyo. Combiner l'animation traditionnelle et les prises de vue réelles était une des pires idées de la planète, tout comme de faire de Neil Patrick Harris leur meilleur ami. De quoi sacrifier l'âme de la série afin de vendre plus de produits dérivés.
L'espoir renaît avec Smurfs: The Lost Village. Il n'y a plus de détours atroces à New York chez les humains, parce qu'on se concentre cette fois sur le monde des Schtroumpfs. On privilégie le dessin animé et c'est une excellente idée. Malgré une animation simpliste et des effets 3D totalement inutiles, la beauté des couleurs enchante allègrement. Un réel respect du passé et des origines s'effectue, ce qui plaira à coup sûr aux nostalgiques. Plus que les chansons pop survitaminées qui donneront de l'urticaire.
La prémisse prévisible et sans grand intérêt n'est qu'un prétexte pour amener nos héros dans une forêt mystérieuse où tout devient possible. Comme dans le roman classique Alice au pays des merveilles, il y a eu un sérieux abus de psychotropes au sein des créatures qui apparaissent comme par magie. Une certaine folie créative émane de ce lieu, alors que des péripéties abondent. La réalisation de Kelly Asbury (Shrek 2, Gnomeo & Juliet) est vivante et sans temps mort, n'ayant toutefois pas le même charme ni la même virtuosité que les créations de Disney, Pixar et du studio Ghibli.
Le scénario de nature féministe concocté par Stacey Harman et Pamela Ribon (Moana) demeure dans l'ère du temps et il laisse presque toute la place à la pimpante Schtroumpfette. Marie-Mai prête de nouveau sa voix dans la version québécoise et la chanteuse Demi Lovato fait un bien meilleur travail que Katy Perry en anglais. La plupart des créatures bleues n'ont que des banalités à dire (la palme revient à l'énervant Schtroumpf maladroit) et on se surprend à prendre pour les méchants. Pour ce pauvre Gargamel qui se met toujours les pieds dans les plats, pour son irrésistible chat Azraël et pour cet oiseau qui a plus d'un tour dans son sac.
Conçu pour les enfants sans trop énerver leurs parents, Smurfs: The Lost Village est facilement l'épisode cinématographique le plus supportable jusqu'à maintenant. S'il n'y a encore rien de recommandable ou de mémorable, sa bonne humeur communicative et son côté rétro apportent un charme certain à l'ensemble. C'est déjà énorme si on le compare aux deux tomes qui l'ont précédé.