Au sommet des suites les plus improbables de l'année figure certainement le quatrième épisode de The Expendables.
Rendre hommage au cinéma d'action des années 1980 en réunissant ses plus grandes stars a toujours été une idée de génie. Malheureusement, The Expendables et ses suites n'ont jamais été à la hauteur de leurs promesses. Après un désastreux troisième tome sorti en 2014 (le pire du lot qui succédait au potable deuxième segment), on pensait la série morte et enterrée pour de bon.
Voilà qu'elle renaît de ses cendres sans apporter la moindre once de changement. La sang est de retour, tout comme Sylvester Stallone, Jason Statham, Dolph Lundgren et Randy Couture. Ils accueillent des « recrues » qui regorgent de testostérone, dont Tony Jaa, Iko Uwais, 50 Cent, Andy Garcia et... Megan Fox. Un casting intéressant, quoique pâle à côté du précédent effort qui comprenait Arnold Schwarzenegger, Harrison Ford, Mel Gibson, Jet Li, Antonio Banderas et Wesley Snipes.
L'histoire sous fond de conflit mondial n'est qu'un prétexte quelconque à multiplier les affrontements et les scènes de combats. Elle a pourtant été écrite par trois scénaristes - dont Kurt Wimmer, l'expert des remakes douteux comme Point Break et Total Recall - afin de pondre les intermèdes verbeux les plus ennuyeux possibles. Il n'y a aucune réflexion valable sur la masculinité et la vieillesse (hormis un gag répétitif de lunettes), ou encore sur l'amitié et la famille. La superficialité mène le bal, lovée dans un registre régressif et sexiste « comme dans le bon vieux temps ». L'ensemble est gratifié d'une disparition aussi soudaine qu'arbitraire d'un personnage important (traité sans aucun respect ou émotion) et d'une surprise tardive qui prend littéralement les spectateurs pour des imbéciles.
Tout cela est évidemment secondaire lorsque l'action cogne à la porte. Malheureusement, ces moments sont rarement excitants. Les effets spéciaux de qualité variable gâchent la sauce et la mise en scène de Scott Waugh (qui n'a pratiquement réalisé que des longs métrages médiocres comme Need for Speed et Act of Valor) n'est pas à la hauteur. L'introduction est plombée par un montage parallèle qui brise le rythme, alors que la séquence sur le bateau traîne en longueur malgré de brefs instants plus trépidants. Le reste est constitué de quelques flashs aussi violents que gratuits et d'un corps à corps qui se termine au lit.
Il sera toujours possible de défendre Expend4bles en rappelant que ses nombreux défauts sont voulus et qu'ils ne font que reproduire une formule éprouvée et si populaire dans les années 1980. Mais ce serait passer à côté de l'essentiel : le film n'est jamais amusant ou divertissant. Il se déroule plutôt dans l'indifférence généralisée, dépensant un budget de 100 millions de dollars pour absolument rien. La complicité entre Stallone et Statham est pourtant toujours intact, et Iko Uwais (la vedette de The Raid et de sa mythique suite qui comptent parmi les meilleurs films d'action du 21e siècle) campe un méchant en or sous-utilisé. Sauf que l'ensemble manque de souffle et ne cherche plus vraiment à rendre hommage à une période révolue, à rappeler ce plaisir presque innocent de prendre son pied devant First Blood, Cobra et autres Tango & Cash. Lorsqu'on en vient presque à s'ennuyer de Fast X, il y a un problème.