Avec une bande-annonce assez austère et un titre rigide, nous nous attentions à ce que le nouveau film de Luc Picard soit un drame historique homogène, peu accessible pour le grand public. Nous nous trompions. Certes, Les rois mongols ne traite effectivement pas de thématiques faciles; pauvreté de la classe ouvrière, placement d'enfants en famille d'accueil, délinquance juvénile, tout ça avec, en trame de fond, les actes révolutionnaires du mouvement FLQ. Mais - oh surprise - le long métrage contient également une lumière et un humour auxquels on ne s'attendait pas.
La réussite du film repose en grande partie sur les frêles épaules des quatre jeunes protagonistes. Les acteurs, enfants et adolescents, sont absolument stupéfiants, à commencer par le petit Anthony Bouchard qu'on a envie de ramener à la maison. Milya Corbeil-Gauvreau est également époustouflante dans le rôle féminin principal. Rebelle, dégourdie et intelligente, Manon, 12 ans, décide de prendre sa vie en main en imitant les actes terroristes des partisans du Front de libération du Québec. La jeune comédienne brille de mille feux dans ce film. Parions que nous reverrons ce visage prochainement sur nos écrans! Henri Picard, fils de réalisateur, ainsi qu'Alexis Guay offrent également des interprétations justes et convaincantes.
« Les bonnes causes, c'est des excuses d'adultes » - Manon
Les textes, écrits avec intelligence par Nicole Bélanger et Luc Picard, sont aussi responsables du succès de la production. Bien qu'il faille attendre un bon 30 minutes avant que le film trouve son rythme de croisière, une fois qu'il entre dans le vif du sujet (l'enlèvement de la vieille dame et la fugue), il devient impossible de lâcher l'écran des yeux une seule seconde. Les rois mongols parvient à nous faire passer des rires aux larmes avec beaucoup de doigté. On ne peut s'empêcher de se bidonner en observant la bouille sympathique du petit Mimi (Anthony Bouchard) alors que la finale, sur la musique d'Harmonium, nous fait pleurer à chaudes larmes. Pas nécessairement parce que c'est triste, mais parce que c'est beau... et déchirant.
Il est important de souligner la qualité remarquable de la reconstitution historique; le Montréal des années 70. Les costumes, les décors, les accessoires; tout nous rappelle cette fameuse crise d'octobre. Le film nous amène à voir cette époque charnière de l'histoire du Québec de l'intérieur et du point de vue naïf et différent d'une poignée d'enfants.
Les rois mongols saura autant vous surprendre que vous bouleverser. Son humour cabotin saura panser les balafres que son histoire laissera sur votre coeur. Un film sensible et puissant duquel vous ressortirez grandi.