Les Robots est un film dualiste, qui examine, ou tente de le faire, le double ton des robots. Il est aussi à la fois une bonne surprise et une déception. Voici pourquoi.
Pourquoi? Pourquoi faut-il qu'à chaque fois qu'une histoire intéressante, cette fois-ci un livre d'Isaac Asimov, le père de la littérature robotique, est offerte à un réalisateur prometteur, en l'occurrence Alex Proyas, pourquoi faut-il, bon sens, que l'on assiste à la destruction et de l'un, et de l'autre? Pourquoi faut-il que les producteurs préfèrent les poursuites peu crédibles en voitures à une réflexion profonde sur « l'humanité des robots »? Pourquoi faut-il que l'on ajoute, je l'espère inconsciemment, des blagues faciles, voire ridicules, à un sujet aussi sérieux? Je l'ignore.
Pourquoi l'histoire originale, qui offre d'excellentes pistes de réflexion doit-elle être gâchée par, encore une fois, des fusils et des explosions, comme si c'était essentiel à un divertissement de qualité? Est-ce possible qu'un robot commette un meurtre, inconséquemment des trois lois qui régissent leurs actions? Est-ce qu'un humain est derrière tout ça? Des questions comme celles-là devront être posées, tôt ou tard, les créateurs du film ratent une belle chance. Pourquoi Will Smith doit-il présenter un personnage peu intéressant, voire désagréable, alors qui lui aurait été si facile - ce doit être la faute des scénaristes - d'être simplement « moyen »? Que dire des autres acteurs? Certains tombent allègrement dans le cliché, d'autres ne font que passer. À qui la faute? Le réalisateur, à qui l'on doit Dark City, se promène à travers les événements du film avec sa caméra, sans sembler avoir beaucoup de liberté, sauf à un ou deux endroits, où il se met à faire tourner la caméra dans tous les sens, sans que j'aie pu trouver de véritable justification. Son travail n'est pas mauvais, loin de là, mais il semble bâclé, gâché, par je-ne-sais-quoi, ou je-ne-sais-qui, alors qu'une « artisticité » aurait pu être possible…
Si les effets-spéciaux sont en très grande majorité une réussite, la texture des robots, par exemple, est fascinante, les diverses explosions, elles, sont banales et exaspèrent bien plus qu'elles impressionnent. À plusieurs moments, une influence de La Matrice est palpable mais bien utilisée.
Qui dois-je crucifier? Les acteurs, pour être seulement moyen alors qu'ils auraient pu être tellement plus? Le réalisateur, pour avoir négligé une puissante histoire d'autant plus contemporaine que la robotique ne cesse de prendre de l'ampleur? Les producteurs, pour avoir préféré à une réflexion sérieuse, ou même à un éditorial vitriolique, un banal méli-mélo d'action, d'explosions, des fusils et de mauvaises blagues? Ou Asimov, pour avoir laissé faire de sa tombe ces mercantilistes qui se sont appropriés son œuvre et l'on transformée en mélo-drame sans grand intérêt?
Si vous trouvez que je pose trop de questions, c'est que j'aurais souhaité que le film en pose lui aussi. J'aurais souhaité qu'il y réponde s'il en avait été capable, et qu'il s'abstienne sinon. C'est bien malheureux qu'on ait choisi, encore une fois, la voie de la facilité en cette période estivale, et au lieu de s'élever au niveau de « film de grande qualité », Les Robots n'est qu'un film d'été intéressant, rien de plus.
Les Robots est un film dualiste, qui examine, ou tente de le faire, le double ton des robots. Il est aussi à la fois une bonne surprise et une déception. Voici pourquoi.
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