Dans la tradition comique de Will Ferrell, The Other Guys s'avère être une comédie particulièrement réussie. Disons que ses bons coups compensent pour ses moins bons. L'absurde étrangeté qui teinte le film trouve dans ce pastiche humoristique de film policier le contexte idéal pour étonner, prendre à contre-pied et ainsi faire rire de manière spontanée. La surprise est le meilleur allié de l'humour, et on ne peut voir venir le punch, on risque de véritablement s'amuser. L'inattendu fait rire, et cette comédie était vraiment inattendue.
Les détectives Allen Gamble et Terry Hoitz, de la police de New York, doivent se contenter d'un ennuyant travail de paperasse. Ils travaillent dans l'ombre de Danson et Highsmith, les insouciants héros de la police. Suite à un accident, Gamble et Hoitz auront l'opportunité de prouver à leurs supérieurs qu'ils sont capables de mener une enquête sérieuse. À condition que ces derniers leurs permettent de faire la lumière sur les manigances d'un planificateur financier qui a oublié de demander un permis d'échafaudage.
La séquence d'introduction a déjà tout pour séduire : les performances inoubliables de Samuel L. Jackson et de Dwayne « The Rock » Johnson, dans le rôle de deux policiers particulièrement sûrs d'eux, et un flair pour cerner ce qui fait l'absurdité globale des films policiers. Une scène d'action (des millions de dollars de dommages), mais à quel prix? Les personnages paient aussi le prix de leurs cascades impossibles. Les relents d'une erreur professionnelle viennent aussi prouver que le film est pleinement conscient de ce qu'il représente. Et à partir de là, il n'appartient qu'à lui (bien sûr à travers ses artisans) que de contourner et de repousser les attentes. Ce qu'il fait avec un plaisir contagieux.
Les clichés sont donc au service du récit et de l'humour : les personnages stéréotypés de Wahlberg (un policier viril qui aime l'action) et de Ferrell (un commis de bureau peureux) réservent leur lot de surprises, tout comme les revirements dramatiques. S'ils ne sont pas totalement cohérents, ils le sont suffisamment pour que le film ne s'effondre pas, n'implose pas de devoir justifier ses blagues avec des tricheries scénaristiques.
Le cinéma peut se permettre de faire rire en utilisant des moyens qui lui sont propres : l'image (en ce sens que le personnage peut nier tant qu'il le voudra que sa femme soit magnifique et sexy, on le voit bien nous, qu'elle l'est), et le montage, lors d'une hilarante séquence de pots-de-vin. The Other Guys utilise les moyens qui sont à sa disposition.
Trouver, au beau milieu d'un film aux prémisses aussi simples, des blagues rafraîchissantes, un humour déstabilisant, c'est presque un cadeau divin tellement c'est rare, surtout dans l'offre hollywoodienne estivale. The Other Guys est donc, à sa manière, une belle surprise, qui n'a bien sûr pas que des bons coups, mais qui parvient tout de même à divertir de manière suffisamment intelligente pour qu'on y trouve un vrai plaisir. Son obstination à miser sur un humour excessif rapporte des dividendes. Will Ferrell a de grands crus, et ce film en est un.