Alors que nous croyions, dans notre belle naïveté, qu'il était impossible de faire pire que le Fantastic Four de 2005 avec Jessica Alba et Chris Evans, Hollywood nous prouve que nous avions tord; il était finalement possible de faire encore plus mauvais. La nouvelle mouture de Fantastic Four déçoit à absolument tous les niveaux; le jeu des acteurs - qui sont pourtant de jeunes interprètes prometteurs - est mou, l'histoire est bâclée, l'humour est gauche, les répliques sont clichées et même les effets spéciaux - qui sont, entendons-nous, l'un des principaux intérêts de ce type de productions - paraissent négligés. Vraiment ce nouveau Fantastic Four n'a rien pour redorer le blason de ces quatre superhéros dont la réputation avait été fortement ébranlée par les frasques de Tim Story il y a dix ans.
Fantastic Four version 2015 nous donne l'impression d'avoir été réalisé il y a de nombreuses années, à une époque pré-Iron Man, à cette période « glorieuse » où un film de superhéros ne venait pas avec un standard de qualité signé Marvel. Nous sommes ici très très loin d'un Avengers ou même d'un X-Men. Peut-être que si on nous avait présenté cette mouture il y a dix ans plutôt que celle avec Ioan Gruffudd et Michael Chiklis, notre évaluation n'aurait pas été aussi sévère, mais quand on connaît la force de frappe et la qualité des oeuvres de la compétition on ne peut qu'éprouver une profonde déception face à ce film périmé avant même sa sortie en salles.
L'histoire est complètement différente de celle qu'on nous avait présentée dans Fantastic Four 2005. Seuls le nom des personnages et leur pouvoir subsistent. Leur âge, le milieu dans lequel ils évoluent, les personnes qui les entourent, leurs antécédents et même une partie de leur personnalité ont été modifiés. L'idée d'amener ce concept de « nouvelle dimension » n'était pas complètement obtuse, mais la manière dont le concept est présenté et l'ensemble de la trame narrative laissent à désirer. On nous présente les personnages pendant les 40 premières minutes, ensuite on les envoie dans la dimension alternative pendant 10, on les ramène, on les examine pendant 20 autres et on les observe développer leurs nouvelles habiletés pendant encore 20 minutes. Puis, on les renvoie, ils affrontent le méchant et 10 minutes plus tard, le générique défile. On a l'impression que l'action ne s'amorce jamais vraiment et qu'on nous présente une longue - très longue - introduction de ce qui sera aurait pu être une nouvelle franchise.
En plus de démontrer un manque de savoir-faire à tous les niveaux, Fantasic Four tente de nous faire la morale. Et il ne s'y prend pas de la manière la plus subtile qui soit, disons-le. Nous avons droit à des répliques du genre « On doit s'accepter tel qu'on est » dans un deuxième souffle alors que les superhéros ont presque perdu la bataille contre le méchant Fatalis et un cri du coeur d'un père à l'agonie : « Promettez-moi de rester unis ». Il y a aussi ce vilain (dont on ne comprend pas vraiment les motivations, ni même les origines) qui déclare sous une musique sinistre : « Victor n'existe plus. Il ne reste que Fatalis ».
Les quatre Fantastiques seront probablement encore mis au rancart, et dans quelques années, Fox les fera ressurgir dans un nouveau regain d'espoir qu'ils puissent engendrer un film de superhéros pertinent. Mais, personnellement, j'en doute.