Même s'il n'est pas une catastrophe, Predators est un film de piètre qualité. Il est fidèle à son public, cependant, et il est meilleur que plusieurs films du même genre qui envahissent grossièrement les écrans chaque année, sans vision ni passion. C'est déjà ça de gagné, certes, mais c'est aussi dommage d'avoir gaspillé le talent d'acteurs et d'artisans qui sont sans aucun doute capables de mieux. Catastrophe évitée, oui, mais pas l'habituelle confusion qui entoure les récits de films d'action, imputable à cette quête absolue de scènes d'action. Parfois, elles sauvent littéralement le film. Cette fois, ce n'est même pas le cas.
Une groupe assez hétéroclite de soldats d'élite de diverses armées terrestres (ainsi que deux détenus et un médecin), se réveillent sur une planète étrange où ils servent de gibier à trois extraterrestres dotés d'armes de haute-technologie et capables de paraître invisibles. Les soldats se défendent comme ils peuvent face à ces guerriers bien plus puissants qu'eux. La rencontre accidentelle d'un survivant va être déterminante dans la suite de leur combat.
Les premiers instants du film sont enrobés d'une aura de mystère et de tension qui sont particulièrement prenants. On s'en étonne d'abord, puis on se laisse convaincre, anticipant les confrontations à venir. Même les acteurs jouent à la limite de l'auto-dérision, ce qui leur permet de finalement trouver le bon ton (il faut dire qu'ils en débitent, des évidences!). Mais les confrontations ne sont pas à la hauteur; elles s'avèrent plutôt fades, toutes très courtes et complètement illogiques. Et comme si les artisans du film en étaient conscients, ils décident de décupler « l'ampleur » des combats. Là, le film part en vrille.
Ensuite? Une série de clichés redondants et prévisibles, qui mènent le film vers sa finale convenue, sans aucune surprise et encore moins d'audace. On sait dès les premiers instants qui va mourir et qui va s'en tirer - c'est trop facile. La finale est tellement anodine qu'elle fait parfois rire alors que même Adrien Brody ne semble pas réaliser qu'il a l'air ridicule. Nous oui. Les décisions prises par les personnages sont tout simplement injustifiables, et le film trahit sa propre mythologie pour faire avancer le récit.
Un exemple? À un moment dans le film, le personnage s'inquiète (avec raison) du fait que le soleil n'a pas bougé dans le ciel depuis leur arrivée. Comment se fait-il, alors que la nuit tombe? Ce n'est pas dramatique, ce n'est même pas vraiment grave, c'est simplement significatif d'une sorte d'incohérence généralisée qui s'applique à d'autres éléments beaucoup plus importants du récit. Tant et si bien qu'on a tôt fait de se demander ce qui justifie les décisions des personnages, si ce n'est un scénariste tout-puissant qui contrôlerait tout. On sait bien que c'est le cas, mais ça gâche beaucoup du plaisir que de se savoir manipulé si ostensiblement.