On ne peut faire autrement qu'être un peu déçu après le visionnement de Penguins of Madagascar. Ces personnages-espions étaient tellement marquants dans la franchise du même nom qu'on avait tous des attentes immodérées (quoi qu'elles se soient tout de même fortement amoindries considérant qu'il aura fallu trois ans après la sortie du dernier film pour que le projet voie enfin le jour).
Ces manchots agents secrets aux personnalités composites atteignaient probablement l'apogée du personnage adorable et attachant. C'est d'ailleurs sur cette donnée que les scénaristes ont décidé de travailler. Ce que le méchant du film (une pieuvre qui se transforme en brillant scientifique pour berner les hommes) reproche aux pingouins, c'est principalement leur faculté d'attirer irrémédiablement les regards, puis l'adoration, contrairement aux pulpes qui dégoutent plus qu'ils ne charment. Cette idée en était une très amusante, un point de départ canon pour une production qui croyait le public gagné d'avance. Mais, une bonne base n'est pas suffisante, une mythologie mignarde non plus, il faut une histoire captivante pour convaincre les enfants, et ici DreamsWorks (qui se trompe pourtant rarement) semble avoir manqué à sa tâche.
Il y a de nombreux éléments inutiles au sein de cette histoire. L'équipe du Vent du Nord n'apporte rien de bien pertinent, mis à part peut-être quelques quiproquos payant auprès des jeunes et l'addenda d'un personnage féminin (une chouette qui, en fin de compte, n'a qu'un rôle de soutien très discret) au sein d'une production presque exclusivement masculine. Les valeurs exposées dans ce film ne sont pas tout à fait au point non plus. On nous parle de beauté intérieure, mais on fait tout pour ne pas que les pingouins restent laids et qu'ils cessent d'effrayer la population comme des monstres en cavale. On remet alors en question cette bonne idée d'asseoir le film sur des attraits physiques plutôt que sur le caractère incompatible des personnages.
Évidemment, maintes blagues sont issues des divergences d'opinions des quatre héros, et ces facéties sont généralement assez bien réussies et efficaces. Le film fait preuve d'un humour autant moderne que classique. On rit autant des déboires du vilain qui a du mal à faire fonctionner son Skype, que des substances gluantes que les protagonistes reçoivent en plein visage. Malheureusement, comme c'est trop souvent le cas, la plupart des meilleurs gags avaient été dévoilés dans les bandes-annonces l'été dernier. Les rires sont donc moins spontanés.
On ne peut aussi s'empêcher de remarquer les ressemblances évidentes entre les pingouins de Madagascar et les Minions de Despicable Me. Et je ne parle pas ici simplement de leurs origines « snip-offiennes » similaires, mais aussi de leur même tendance dans les thématiques abordées. Entendons-nous, entre des Minions méchants mauves et des pingouins méchants verts, la filiation n'est pas difficile à faire, et on entend rapidement sonner très fort les cloches de l'imitation, ou du moins, celles de l'influence.
Par contre, malgré tous ces défauts, si, comme moi, des pingouins qui mangent des crottes au fromage sont suffisants pour vous charmer et vous faire pardonner bien des incartades, The Penguins of Madagascar sera probablement mieux accueilli qu'il ne le devrait. Sauvé par les crottes au fromage!